Yves Pagès : Emploi fictif et sommeil paradoxal (expérience en cours)

Trousses de secours, saison 2 : la crise du travail

Sleep in progress or work in regress ?
À première vue, ça ressemble au cours magistral d’un ponte de médecine face à un amphi d’étudiants en première année. Le docteur X. Y*** éclaire quelques notions de psychophysiologie du travail à l’aide de «diapos» illustratives projetées sur écran. En moins d’une heure, il va tenter d’épuiser son sujet : l’évolution ergonomique du rapport au labeur depuis l’homme préhistorique (l’âge de pierre) jusqu’au télé-vigile (l’âge du drone). Exercice de synthèse surhumaine qui, entre raccourcis abscons et obscures digressions, le conduira à dévoiler le ressort méconnu de toute activité humaine : le sommeil paradoxal. Sleep in progress ou work in regress ? Tant qu’à croire ce singe savant sur paroles, autant passer à l’acte. Ce sera l’objet d’une ultime « expérience en cours », au moyen d’une série de QCM (Questionnaire à cobayes multiples).

Enregistré le 30 novembre 2013 dans la salle Roland Topor Théâtre du Rond-Point.

Durée : 00:56:04

> les autres Trousses de secours dédiées au travail

En partenariat avec Cinaps TV et Rue 89



Trousses de secours 2e saison : conférences-performances autour de la crise du travail

Formation ouverte à tous : soyez encore plus flexibles, plus compétitifs, plus « zéro défaut » qu’on vous le demande… mais autrement ! Les écrivains, chercheurs, artistes des conférences-performances du Théâtre du Rond-Point renversent perspectives et idées reçues, croient au partage horizontal des savoirs, déboulonnent férocement les piliers de la pensée dominante.

> le programme complet

 

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Le 21 mars 2013 à 08:26

Christian Salmon : Ces histoires qui nous gouvernent #4

De Henry Ford à Steve Jobs, l'émergence du story-telling management

> Premier épisode                  > Episode suivant Dans sa conférence-performance "Ces histoires qui nous gouvernent", l'écrivain et journaliste Christian Salmon poursuit son salutaire travail d'analyse du story-telling. Dans cet extrait, il revient sur un récit édifiant mais fictif qui a joué un rôle décisif dans l'intervention américaine en Afghanistan et même au-delà. "Quoi de plus innocent et charmant qu’une histoire bien tournée ? Les histoires nous distraient et nous instruisent en nous faisant rêver. Désormais, avec la technique du storytelling, elles nous gouvernent et sont devenues un instrument de contrôle des opinions, une « arme de distraction massive ».L’entrée en guerre préventive contre l’Irak, le reality show au début du mandat de Sarkozy, sa métamorphose en capitaine courage face à la crise financière, l’épopée victorieuse de Barack Obama… Autant de fictions préparées dans le secret de war rooms où s’élabore le storytelling intégré. Christian Salmon nous propose un voyage dans les démocraties contaminées par l’hypermédiatisation, une exploration des mythes politiques à l’âge du néolibéralisme. Une traversée de la crédulité contemporaine. " Enregistré le 30 novembre 2012 dans la salle Topor du Théâtre du Rond-Point En partenariat avec Cinaps TV et Rue 89 Vous pouvez également retrouver le podcast audio complet de cette conférence-performance.

Le 10 février 2014 à 13:13

Grand Magasin : D'orfèvre et de Cochon

Trousses de secours en période de crise, saison 2 : la crise du travail

Une conférence-performance de Pascale Murtin et François Hiffler (avec la participation exceptionnelle de Liviu-Adrien Dârgãu) Le travail ? Connais pas. « Nous ne sommes pas très bien placés, peut-être même très mal placés pour parler du travail, n'ayant à ce jour et après trente ans d'activité jamais travaillé. C'est précisément à ce titre que nous allons nous risquer à discourir quelques quarts d'heure sur le sujet, histoire de faire part de notre inexpérience en la matière. »Les performers Pascale Murtin et François Hiffler prétendent – en dépit et grâce à une méconnaissance quasi-totale du théâtre, de la danse et de la musique – réaliser les spectacles auxquels ils rêveraient d’assister. Et ça marche : leurs spectacles sont très réussis et les émeuvent. Depuis 1982 (avènement de Grand Magasin), leur ambition consiste à croire possible que d’autres partagent cet enthousiasme.Grand Magasin :Un beau jour, Pascale Murtin et François Hiffler, deux danseurs contemporains, décrètent que la danse est une discipline contre nature. Ils tournent le dos à leur formation classique et fondent en 1982 la Cie Grand Magasin, "une association de bons intérêts". Ensemble, ils ont créé une vingtaine de pièces, numéros et performances, s’adjoignant parfois les services de leurs amis (dont Bettina Atala de 2001 à 2010) : des spectacles sans costume, sans décor, ni prouesse technique, à la poésie parfois absurde... de drôles d’objets spectaculaires mariant humour et rhétorique.Leur manière de jouer des mots et de l’absurde, leurs créations intelligemment décalées leur ont valu des comparaisons avec Queneau, Tati ou encore de participer à l’exposition Dada organisée par le Centre Pompidou en 2005. Leur style au pragmatisme faussement naïf et à l’humour pince-sans-rire, c’est encore eux qui le définissent le mieux : fuite du spectaculaire, raréfaction des accessoires et des paroles, évacuation de la scénographie, répugnance à gesticuler, dégoût de l’illusionnisme. Conférences en auditorium, interventions en décor naturel, démonstrations dans une galerie d’art ou déploiements sur une scène de théâtre, il s’agit dans tous les cas de grand spectacle. Enregistré le 6 février 2014 dans la salle Roland Topor Théâtre du Rond-Point. Durée : 42:28 > les autres Trousses de secours dédiées au travail En partenariat avec Cinaps TV et Rue 89

Le 11 mai 2012 à 10:05

Le joli mois de mai

Il reste toujours un peu d'avril dans l'assiette. Ce mois indigeste avec son poisson dans le dos et ses œufs en chocolat, est difficile à finir, alors que nous le sentons approcher, avec son parfum de muguet et son sourire de jour férié, le joli mois de MAI. Ah, s'il est un mois qui vous met l'âme en gaieté, vous rosit les joues et vous gigote le cœur, c'est bien mai ! Trois lettres seulement, il ne veut pas qu'on perde de temps pour l'écrire, le temps de mai est réservé au plaisir. Dès son premier jour, il fête le travail, et de quelle manière : il nous offre un jour de congé. Mai a bien saisi, à l'inverse de certains énervés de la politique, que le travail n'a du talent que s'il se repose suffisamment. En plus, il y ajoute un brin de muguet. Petite fleur à clochettes dont autrefois la vente par des militants qui l'avaient récoltée à la faucille servait à renflouer les caisses du parti communiste. On se souvient que Georges Marchais portait des cravates en soie ou en rayonne selon que la recette du muguet avait été bonne ou non. (...) Saluons surtout ce mai libérateur, dont le plus beau fut celui de 1968, qui nous délivre du rigoureux avril en clamant : « Fais ce qu'il te plaît » et « Il est interdit d'interdire ». Profitez bien du plus beau mois de l'année où fleurit l'acanthe, le pittosporum et le bougainvillier, mois qui a vu naître Freud, Labiche, Orson Welles, Fred Astaire, Claude Piéplu et Eros, petit teckel à poil long que tous les habitants de la rue du Bac à Paris ont bien connu.   Extrait de Mois par moi : almanach invérifiable © Actes Sud 2008 http://www.actes-sud.fr/catalogue/theatre-arts-du-spectacle/mois-par-moi

Le 16 juin 2014 à 11:03

Lettre ouverte au Président de la République

Cher Monsieur le Président de la République, Mon mari et moi, on vous a serré la patte il y a deux ans, et entre temps nous nous sommes mariés, grâce à vous, et on en est très heureux aujourd’hui. Tout va très bien. Sauf qu’il est intermittent du spectacle (mon mari), et qu’il commence à s'inquiéter. Il joue dans ma pièce au théâtre du Rond-Point qui remporte un franc succès. Quand viendrez-vous la voir (on a des détaxes) ? Il a un peu peur pour son statut qu'il risque de perdre avec la nouvelle réforme, car si ça continue comme ça, il va devoir faire un bilan de compétence et changer de métier pour faire je ne sais pas quoi alors que sa profession c'est acteur. Or, les pièces qu’il joue grâce à son statut d’intermittent font du bien à tout le monde (en plus des recettes qui sont souvent importantes). Ces pièces, elles parlent toujours de tolérance, d’acceptation de l’autre, elles défendent les belles valeurs de l’éducation, du progrès social, de la liberté et de l’épanouissement. Et souvent, c’est même très agréable. Mon mari adore son métier, il fait même des tas d’interventions dans les collèges, dans des lycées, avec des amateurs, des volontaires, quand moi je fais des ateliers d’écriture. Il fait avec notre compagnie de l’action culturelle, en banlieue, en province, ou à Paris dans des écoles primaires, et c’est très chouette, très vivant, et très instructif. Il y a même des gamins qui nous disent que c’est tout pour eux. Et en plus, pour l'instant, il n'a jamais trop fait des trucs du genre série télé, film avec des stars, publicités, ou salons commerciaux pour les voitures. Alors il ne comprend par très bien pourquoi il a l'impression qu'on cherche à le punir. Et puis aussi, autour de lui sur le plateau, il y a d’autres comédiens, et des techniciens, des intermittents en tous genres qui encourent le même risque. Et tout le monde commence à avoir vraiment très peur. Car ils pensaient jusque là que la gauche (votre parti) était assez d’accord avec toutes les valeurs qu’ils représentent et pour ne pas précariser ceux qui sont déjà précaires. On a aussi, après 2003, donné plein de chiffres qui nous laissent à penser que la culture et les arts vivants (comme ce qu'on fait), sont aussi un vecteur économique très fort et très important. Alors on s’est dit comme ça qu’en vous écrivant, vous alliez comprendre que puisque vous êtes un homme de gauche, élu par la gauche, vous alliez très vite vous démarquer du Medef des grands patrons qui ont l’air un peu perdu en ce moment. Vous savez bien que tous les gens avec nous, les profs, les instits, les éducateurs, les intellectuels, les intermittents, sont ceux qui représentent le mieux la gauche (votre parti). Alors forcément, on s’est dit comme ça que vous n’alliez pas trop tarder à prendre une position très claire pour qu’on ne se retrouve pas dans une situation précaire, et encore moins qu’on se sente trahi par notre propre famille (la gauche, votre parti) comme on pourrait dire. Bon, on vous laisse parce que vous avez beaucoup de choses à faire et des tas de bonnes décisions à prendre. Souvenez-vous surtout que la gauche a été construite sur l'idée de la culture et de la culture pour tous (parce que c'est une arme redoutable contre l'intolérance, l'obscurantisme, les ténèbres, en plus d’être agréable souvent…), après l’avoir été sur les 40 heures et les congés payés avec Léon Blum. Et si jamais vous avez besoin d’un référent culturel, je suis votre homme ! Ne laissez pas tomber ! On vous invite à dîner à la maison quand vous voulez pour parler de tout ça. Embrassez pour nous Christiane Taubira, et prenez soin de vous, on vous aime beaucoup. Pierre Notte, auteur de théâtre.

Le 28 juillet 2014 à 10:55

Dominique Méda : "Certains travailleurs se retrouvent confrontés à des situations physiquement et mentalement intenables"

C'est pas du boulot ! #1

Dominique Méda est professeure de sociologie à l'Université Paris-Dauphine, titulaire de la chaire Reconversion écologique, travail, emploi, politiques sociales au Collège d’études mondiales. En 2013, elle a publié La Mystique de la croissance. Comment s’en libérer chez Flammarion et Réinventer le travail avec Patricia Vendramin aux PUF. Première partie de l'entretien qu'elle a accordé à ventscontraires.net (Illustration Les Temps modernes - Charlie Chaplin, 1936) Diriez-vous que les conditions de travail se sont globalement améliorées ou dégradées au cours de ces dernières décennies ? Cette question est assez bien documentée en France grâce notamment à une série d’enquêtes réalisées par le Ministère du travail à échéance régulière. Il y a eu une dégradation jusqu’au milieu des années 90 puis une pause. La dernière enquête Conditions de travail, dont les résultats viennent tout juste d’être publiés, met en évidence un nouvel épisode de dégradation intervenu entre 2005 et 2013. Comme l’indiquent les auteurs de l’étude : « la stabilisation de l’intensité du travail observée entre les enquêtes de 1998 et 2005 apparaît ainsi comme une parenthèse dans une trajectoire ascendante entamée à la fin des années 1980. Cette nouvelle hausse semble liée au rythme accru des changements organisationnels et à la plus grande insécurité de l’emploi ressentie par les salariés ». Le travail s’est intensifié mais a également été le théâtre d’une série de changements au terme desquels le sens accordé au travail par les individus est plus incertain. Avec le développement des nouvelles organisations du travail, de la qualité totale, du management par objectifs, de l’évaluation des performances individuelles et du benchmarking permanent, certains travailleurs se trouvent confrontés à des situations physiquement et mentalement intenables. Notons qu’en France, il existe un décalage particulièrement fort entre l’ampleur des attentes posées sur le travail, qui sont immenses et la réalité des conditions de travail. On attend en effet désormais du travail la possibilité de s’exprimer, de se réaliser, de créer du lien, de faire montre de ses capacités, d’être utile, mais une grande partie de ces attentes sont déçues parce qu’elles sont considérées comme contradictoires avec les souhaits de rentabilité à court terme des organisations. Les différentes dimensions du travail (le travail comme facteur de production, comme essence de l’homme, comme pivot du lien social), qui sont revendiquées chacune par des acteurs différents et servent de support à leurs revendications, sont contradictoires.   La place de la « valeur travail » a-t-elle, selon vous, évolué dans les sociétés occidentales ? Oui. On part d’une situation où, par exemple en Grèce antique, dans les textes des philosophes, les activités dont une partie correspond à notre terme de travail sont méprisées et synonymes de peine, d’effort. La reproduction des conditions matérielles de vie – comme dira Hannah Arendt – n’est pas considérée comme porteuse de sens. Ce sont les activités intellectuelles, morales, politiques qui le sont. Pour Aristote, les artisans ne doivent pas être des citoyens car les activités qu’ils effectuent les mettent dans une relation de service donc de servitude avec autrui. Les choses évoluent avec les siècles, notamment avec le christianisme, puis au cours du Moyen Age. Au dix huitième siècle le travail (que Marx appellera abstrait) trouve son unité conceptuelle : on peut dire le travail et rassembler sous un unique concept des activités qui étaient jusque là rangées dans des catégories différentes. Mais cette unité se paye cher : le travail c’est cet ensemble d’activités qui ont en commun de créer de la richesse. Le travail est défini par sa fin : il est ce que les économistes appelleront plus tard un « facteur de production ». Ce qui importe, ce n’est donc pas la réalité ou la nature de l’activité déployée mais le résultat qu’elle permet d’obtenir. Sur cette première couche de signification, le dix neuvième siècle va en ajouter une autre, radicalement différente : le travail apparaît soudain comme la liberté créatrice de l’homme, liberté qui lui permet de faire le monde à son image, d’humaniser celui-ci. Hegel et Marx sont les meilleurs représentants de ce moment. Le travail est rêvé comme l’activité qui permet à l’humain de détruire le naturel pour le mettre en forme. Pour Marx, le fait que le travail devienne premier besoin vital et synonyme d’œuvre est conditionné par l’abolition du lien salarial. Mais la deuxième moitié du 19ème est au contraire le moment où se développe le salariat et où s’affirment un grand nombre de droits sociaux qui vont peu à peu rendre le salariat profondément désirable comme l’a montré Castel. Le vingtième siècle hérite de ce concept de travail constitué de couches de signification différentes et contradictoires. Dans les sociétés occidentales, la fin du 20ème siècle est le moment où il devient possible d’espérer du travail expression de soi et réalisation de soi : d’une certaine manière, et comme en témoignent les études dont nous disposons sur le sujet, la valeur travail n’a jamais été aussi forte qu’à l’heure actuelle.   Larry Page, le co-fondateur de Google, vient de se prononcer en faveur d'une réduction du temps de travail. Percevez-vous une évolution dans ce sens chez certains chefs d'entreprise ? Très franchement, non. Certes, il y a quelques jours, les propos du milliardaire Carlos Slim prônant la semaine de trois jours ont été considérablement relayés et il n’est pas impossible qu’après un reflux d’une dizaine d’années, cette idée revienne à la mode. Attention néanmoins : d’abord la proposition de Carlos Slim consiste à travailler trois jours par semaine mais…jusqu’à 75 ans…Par ailleurs, en France, il me semble que nous nous trouvons encore dans cette phase hyper idéologique où sans qu’aucun bilan serein et sérieux n’ait été mis sur la table et discuté, on continue à entendre les pires bêtises sur les effets prétendument délétères de la réduction du temps de travail qui a eu lieu en France entre 1998 et 2001. Or, il faut rappeler quelques faits : c’est entre 1997 et 2002 que l’on a créé le plus d’emplois en France (deux millions) ; au moins 350 000 sont imputables à la RTT ; la première étape des lois de RTT – ce que l’on appelle la première loi Aubry – a été très appréciée par les salariés ; elle a permis un intense mouvement de négociation. Enfin, si cette politique avait été menée continument, nous aurions sans doute obtenu de très bons résultats. J’ajoute que là encore contrairement à ce qu’on lit un peu partout, la RTT n’a entraîné aucune dégradation de la valeur travail puisque les Français restent les plus attachés à celle-ci en Europe et qu’enfin le coût de l’opération doit être considérablement relativisé (si l’on prend en considération les recettes et les couts évités générés par le retour à l’emploi de nombreux chômeurs) : on parle de 0,15% du PIB par an, ce qui est peu.

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