Sebastien Ayreault
Publié le 30/06/2010

Cette année-là


Les cons fleurissaient et la pluie tombait sans arrêt. Un abruti avait scié les pentes de l’Himalaya et ça dégringolait profond dans les ravins. Des moines, et puis encore des moines. Des milliers d’étoiles étaient tombées du ciel. Jolies comme tout. Au début, au début, certes. Puis à la fin, rien que des flaques rouges. Rien que des corps éraflés. Profonds. Pas un pour rattraper l’autre. Cette année là, Megatron, dans sa quête éperdue du Cube, s’était posté aux portes de l’Iran et la Corée du Nord jouait dangereusement à la pétanque. La Russie se fossilisait. Cette année-là, une pomme, pas plus haute que trois pommes, avait dévalé l’enfer, nous laissant sans nouvelles depuis. Ou d’E.T.  Va savoir ? Martine, descendante du bon roi Dagobert et cousine de Radisson, avait découpé sa petite culotte de façon à se faire prendre par derrière quand ça lui chantait. Et ça lui chantait souvent. Cette année-là, le gouvernement chinois n’était ni pire ni meilleur que les autres années. Cette année-là, les Français étaient allés aux urnes et les cons fleurissaient. La pluie tombait sans arrêt. Un abruti avait coulé le Titanic. Cette année-là, mon amour et moi buvions de la bière blanche  Et la pêche était interdite.
Sébastien Ayreault vit à Atlanta. Son premier roman, Loin Du Monde, est sorti en janvier 2013 au Diable Vauvert 

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Le 14 mars 2011 à 11:46

Vacances en France

Visite guidée

« Quiconque va visiter l'Algérie ou la Tunisie — et aujourd'hui cette excursion est tellement facile que tout le monde l'aura bientôt faite — ne peut s'embarquer sans s'être muni du Guide-Joanne, dont l'auteur pour l'Algérie et la Tunisie est Louis Piesse. Mais bien peu des voyageurs qui en feuillettent distraitement les pages se doutent qu'ils ont à la main un chef-d'œuvre d'érudition et de conscience artistique ; bien peu se doutent que l'auteur est, en même temps qu'un savant hors ligne, un littérateur de premier ordre ; bien peu se doutent de la modestie, de la ténacité, de l'honnêteté de cet écrivain qui, à soixante-dix ans passés, partait tantôt pour les pays qu'il avait déjà tant de fois visités, et, les trouvant passablement changés, entreprenait de refaire son guide, véritable monument qu'il ne semblait pas possible de perfectionner. » [Je savais] que Piesse, l'été, vivait en famille dans sa maison des bords de l'Yonne, ou plutôt dans son jardin et dans son bateau, car il a un bateau, l'heureux homme ! Or nous traversions précisément le village qu'il habite. L'idée nous vint d'aller lui faire à l'improviste une petite visite. Il était, c'est vrai, bientôt l'heure du dîner. Mais cette considération ne nous arrêta pas, au contraire, et cinq minutes après, avec nos costumes hétéroclites, nos bicyclettes, nos dents longues d'une aune, nous apportions le trouble en ce paisible intérieur, en cette vraie maison du sage, toute tapissée de verdure et de fleurs sous lesquelles disparaissent les murs. »(Jean Bertot, Août 1893 : la France en bicyclette : étapes d'un touriste de Paris à Grenoble et Marseille)

Le 6 février 2012 à 08:15

Gegenwinde

As-tu un peu de temps pour moi ? Alors je chante une chanson pour toi !

Mon contact à Vents Contraires, pour préserver son anonymat, appelons-le Zwanzighundert Derhahn, m'a demandé pour cette semaine une chronique « plus allemande ».   Exotique et mystérieuse, l'Allemagne est méconnue de bien des Français, ce qui est bien pratique, quand on est leur petit président, pour en profiter pour raconter n'importe quoi.   Pourtant, au-delà des clichés (en allemand : Klischee), nos cousins germains sont des gens sympathiques et joviaux, tous ceux qui ont déjà poussé la youtze au son des Schlager dans une cave bavaroise vous le diront. Et qui parlent une langue plus simple qu'il n'y paraît : alors qu'en français, inventer un mot est passible de lapidation immédiate sur la place publique, en allemand, il suffit d'en coller deux, comme ça, et hop, ni vu ni connu, avouez que c'est tout de même bien pratique.   Et les Allemands ne sont pas si rigoureux et organisés qu'on veut bien le dire, puisque leur pays s'appelle Germany, Allemagne ou Deutschland suivant d'où on en parle, au lieu d'avoir un nom semblable dans toutes les langues comme vous et moi.   D'ailleurs, s'ils pouvaient être un peu plus rigoureux et organisés, ils n'auraient jamais inventé les techno parade et le monde ne s'en porterait que mieux.   Frankfurter, Berliner, Hamburger : la moitié de leurs villes ont été baptisées d'après des trucs qui se mangent, preuve qu'ils portent bien plus d'attention qu'on ne veut bien le dire à la gastronomie.   Et finalement, ils ne gagnent pas toujours à la fin.

Le 23 septembre 2010 à 09:50

"Il faut juste être malade mental pour jouer la défaite de son camp"

Jean-François Copé, RTL, mercredi 22 septembre 2010

Déjà que les hôpitaux psychiatriques sont bondés, la situation empirerait si l’on suivait le diagnostic du président du groupe UMP à l’Assemblée nationale. Eriger la duplicité politique au rang de pathologie mentale, c’est la charité qui se moque de l’hôpital. Charitable, ce Copé qui pense à la présidentielle le matin en se rasant, à midi en se curant les dents et le soir en se les brossant ? Selon lui les traîtres seraient des irresponsables. Certes. Mais l’irresponsabilité dans l’action criminelle permet d’échapper au procès populaire. Une aubaine alors pour les Chiraquiens qui, après avoir plombé Chaban en 1974 ont joué Mitterrand contre Giscard en 1981, les Communistes faisant l’inverse, les Mitterrandiens plantant Rocard aux européennes en 1994 au bénéfice de Tapie, les plus nostalgiques récidivant en 2007 pour le « jaurésiste » Sarkozy contre  l’« évangéliste » Royal, quand des Rocardo-strausskahniens faisaient un détour par Bayrou pour contourner Ségolène. Sans parler de récurrences comme le vote révolutionnaire à droite de l’extrême-gauche et le vote nationaliste à gauche de l’extrême-droite. Aujourd’hui, à droite, qui fantasme sur une défaite de Sarkozy en 2012 ? Le sieur Copé n’est pas exempt de pulsions en ce sens, lui qui visant ouvertement 2017 préfèrerait sans doute que le sarkozysme soit discrédité pour mieux apparaître comme le recours au coup suivant.  Qui a crié : « Au fou  » ?

Le 16 janvier 2011 à 10:46

Le cercle des indignés

La deuxième décennie du nouveau siècle avait débuté avec un petit bouquin  de 24 pages d’un vieillard plus que digne qui enthousiasma tout le pays en même temps qu’était diffusé un énième sondage inepte classant ses habitants champions du monde des pessimistes. On aimait bien se distinguer dans l’hexagone et on accueillit ces deux nouvelles avec une jubilation blasée. Indignez-vous qu’il disait et tout le monde l’avait pris au mot. Le monde à feu et à sang n’intéressait pas vraiment ; on s’indignait surtout de ne pas être suffisamment pris en compte  dans l’échiquier de nos vies rétrécies, via les réseaux sociaux où chacun y allait de sa cause, en un clic sur une conscience en berne. Sur les lamelles molles d’un microscope daté, on plaçait ses mesquines préoccupations au centre des éternelles lamentations. « Je m’indigne donc je suis », formule typiquement française et purement rhétorique s’en tenait là. Peu importait la cause, il y en avait tant, disait le patriarche et comme cette fois on se devait de saluer avant l’issue fatale l’homme auréolé de la rumeur qu’il avait participé à l’élaboration de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (excusez du peu) on ne pouvait raisonnablement pas passer à côté de cette aubaine là. Alors on s’indignait comme autrefois les Shadock pompaient, à hue et à dia. L’année se plaçait sous l’augure de débats creux et insipides annonçant une élection dont on se demandait à quoi elle pouvait bien rimer. Puisque l’ennemi avait été identifié, que l’on s’apercevait avec horreur de l’inutilité crasse des politiques face à ce monstre tentaculaire, on s’indignait. Puisqu’on avait maintenant un auditoire, certes illusoire, on se déplaçait de mur en mur pour annoncer la bonne nouvelle : indignez-vous ! 153 amis aimaient ça. Puisqu’on ne pouvait raisonnablement admettre nos solitudes emplies d’angoisse, on propageait la bonne parole : indignez-vous ! 168 amis aimaient ça. Puisque la promesse infâme de visibilité, d’ubiquité, d’universalité et toute autre tasse de thé semblaient à notre portée, on colportait cette parabole : indignez-vous ! 392 amis aimaient ça. Au même moment, à un jet de pierre de nos côtes méditerranéennes, personne ne s’indignait des massacres perpétrés contre des arabes affamés, des étudiants bâillonnés, des marchands ambulants n’ayant plus rien à vendre. On ménageait la susceptibilité des dirigeants installés en tenant discrètement une morbide comptabilité. Surtout, on s’en fichait royalement de ces basanés, on avait notre lot de haine ravalée. Alors on s’indignait comme on pissait quand Brel pleurait sur les femmes infidèles…Illustration : Nicolas Sarkozy et Zine El-Abidine Ben Ali

Le 8 janvier 2013 à 12:20

«J'ai un passeport russe, mais je suis Français et j'aurai certainement la double nationalité belge»

Gérard Depardieu, Equipe 21, lundi 7 janvier 2013

L’homme qui rit dans les goulags a le patriotisme à fiscalité variable. Ce qui l’amène à revendiquer une double nationalité belge alors qu’il en détiendrait en réalité trois. La Russe par faveur du nouveau tsar. La française qu’il ne semble plus vouloir renvoyer à la figure de Jean-Marc Ayrault. Et la belge donc. Encore qu’il ne suffise pas au natif de Chateauroux d’être néchinois (merci Vincent Roca) pour atteindre à la belgitude suprême. Pas sûr qu’ait été appréciée, outre-quiévrain,  sa « certitude » d’être bientôt sujet du royaume. Il faut d’abord faire preuve de « mérites exceptionnels » pour être naturalisé par le Parlement à Bruxelles. C’est là que ça coince. Ce n’est pas parce qu’Obélix a trahi Uderzo pour Hergé en s’acoquinant avec les Tapioca de l’ex-URSS, qu’il peut prétendre contribuer à la légende locale. En Belgique, pays démocratique d’exception puisque capable de survivre à 541 jours sans gouvernement, on ne partage pas l’admiration du nouveau venu pour les satrapes orientaux,. On cultive par ailleurs une certaine sobriété avec un taux d’alcoolémie légale de 0,22g ( 0,50 en France) et ce n’est pas parce que le Manneken pisse depuis des siècles à Bruxelles, que l’on tolère l’incontinence sur les portes des « chiottes » d’avion, comme dirait Poutine. Bref, y’a du boulot pour l’artiste, à moins qu’il ne s’associe à BB en vue de protéger les flamands roses. Succès assuré entre Bruges et Gand.

Le 4 septembre 2011 à 10:36

« Dans l'Essonne, où notre Coréen national va avoir chaud aux plumes »

Alain Marleix, chargé des élections à l'UMP, Public Sénat, vendredi 2 septembre 2011

Alain Marleix a chaud aux fesses depuis qu’il a proféré cette boutade aux relents xénophobes à l’égard de Jean-Vincent Placé, le bras droit de Cécile Duflot.  L’allusion aux racines biologiques de l’écologiste adopté dès son plus jeune âge par des parents normands, a provoqué un tollé. Même Jean-François Copé, camarade en chef du parti de Marleix a « regretté » un tel propos. L’élu du Cantal voulait souligner que Jean-Vincent Placé, candidat aux sénatoriales sur une liste PS-EELV dans l’Essonne, allait avoir quelques soucis avec une liste dissidente. Il n’a sans doute rien appris à l’intéressé qui a la réputation de faire, chez les écologistes, un peu le même boulot que Marleix à l’UMP. Ce n’est évidemment pas une raison. Alain Marleix pourrait bien sûr plaider qu’en associant « notre », « coréen » et « national » il a procédé à une sorte de régularisarion bienveillante de Jean-Vincent Placé. Même si, en faisant de l’impétrant un petit chef  emplumé, Marleix semble se représenter le pays du matin frais comme une réserve apache. Quand on ne s’occupe que de cartes électorales, on peut avoir des lacunes en géographie tout court. Et puis il n’y a pas péril en la demeure. Brice Hortefeux, auvergnat d’adoption comme Marleix (ils sont tous deux nés en région parisienne et parachutés au pays des Arvernes), a dû lui souffler que quand il y a un Coréen ça va, c’est quand il y en a beaucoup  qu’il y a des problèmes.

Le 9 juin 2011 à 15:00

Attentat de Karachi : Owni publie 91 pages de documents de la DGSE

91 pages de notes, de télex et de rapports de la DGSE sur l’attentat de Karachi, publiés pour la première fois, permettront à chacun de se forger une opinion sur ce que les services secrets français savent de cette ténébreuse affaire. Permettant ainsi d’explorer l’une des questions de fond du dossier : celle d’un lien entre cet attentat du 8 mai 2002 contre les ouvriers français chargés de construire des sous-marins à Karachi (où onze d’entre-eux ont péri), et le contrat d’armement à l’origine de leur présence sur place, signé près de huit ans plus tôt, le 21 septembre 1994, par le gouvernement d’Édouard Balladur. La lecture de ces 91 pages comblera les esprits soucieux de reconstitution factuelle. En particulier, elle leur permettra de découvrir, en détail, les violentes tensions provoquées au Pakistan par le niveau de corruption sur ce contrat. Mais elle décevra les partisans d’histoires vites résumées, défenseurs de thèses définitives. Ceux-là seront frustrés d’y découvrir que la responsabilité d’Al-Qaida n’a jamais été prise au sérieux par les premiers enquêteurs. Ou que la DGSE n’a jamais rédigé, le jour de l’attentat, une note établissant un lien entre cet attentat et un arrêt de commissions décidé par Jacques Chirac dans le cadre de rivalités propres à la scène française (nous y reviendrons plus loin). Ces pages ont été déclassifiées en plusieurs fois, et adressées au juge Marc Trévidic en charge de l’instruction judiciaire, bien souvent sans soucis de cohérence. Nous avons décidé de vous les présenter en restituant l’ordre dans lequel elles ont été rédigées, entre 1994 et 2009. Et en les regroupant dans dix dossiers chronologiques, correspondant à dix moments importants de l’affaire. > Lire la suite de l'article sur Owni.fr

Le 25 février 2011 à 15:12

# 2 - Mercedes Benz remix - Janis Joplin VS Chic

Seoul Juke Box

A Séoul on trouve souvent deux sortes de Mercedes dans la même famille. La voiture allemande et la femme de ménage des Philippines. Beaucoup de jeunes filles Coréennes prient le Seigneur pour obtenir au moins l’une des deux ; de préférence la voiture. Ainsi dans ces temples nocturnes que sont les bars à karaoké on entend les voix s’élever reprenant en chœur le couplet de la célèbre chanson de Janis Joplin « Oh Lord won’t you buy me a Mercedes Benz ? Celles dont les prières ne sont pas exaucées se contentent du deuxième couplet « Oh Lord, won't you buy me a color TV ? » Et là le miracle se produit chaque fois, car Séoul est le royaume de Samsung et il y a des TV partout et pour tout le monde. Il existe un rapport entre Mercedes et Samsung dans la symbolique croisée des noms et logos. L’étoile de Mercedes est à trois branches pour la terre, la mer et le ciel et Samsung signifie « trois étoiles ». Puisqu’il est question de Trinité, allons jusqu’au troisième couplet pour celles qui vraiment n’ont vraiment pas eu de chance avec les deux premiers : « Oh Lord, won't you buy me a night on the town ? » Plus facile à obtenir de la part de Lord qui ne se fait pas trop prier sur cet article. Ainsi partent dans la nuit des millions de jeunes filles en quête de grandeur et de fortune, de berlines rutilantes, de « housemaid » et d’une vie de rêve qui ressemble à un film. « I'm counting on you, Lord, please don't let me down. Prove that you love me and buy the next round » (Another Barbarian in Asia – Henry Halfwarm)

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