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Publié le 28/05/2014

Tobie Nathan : "Aujourd'hui l'ancêtre c'est la médecine"


Comment ça va la famille ? #4

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Le Rond-Point est un rond-point où beaucoup de gens se croisent, se rencontrent, se mélangent, forment des molécules, de nouveaux matériaux, des tissus à motifs inédits. En voilà quelques uns, attrapés par le bras par la rédaction de ventscontraires.net, ils viennent faire un tour avec nous. 

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Tobie Nathan

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Le 31 mai 2014 à 09:27

Chansonnette des parents

les enfants
 par hasard par derrière par devant 
à tort à travers ou simplement 
en deux temps trois mouvements 
l’un dans l’autre et réciproquement 
les enfants 
faits sous les ponts un soir de printemps 
sur les toits le soir de la saint jean 
dans un lit entre des draps de soie 
ou dans la poussière d’un vieux divan 
les enfants 
seul à deux en groupe ou en priant 
faits par choix par erreur partouzant 
dans les trains dans les choux dans le vent 
dans l’envie du moment 
les enfants 
faits en couleurs faits en noir et blanc 
les jours ouvrés le jour de l’an
 qu’on les fasse à demi 
en partie à moitié finissant
 les enfants
 qu’on les fasse sur le pouce sur les dents
 pour l’amour de l’art ou pour l’argent
 par la peur de la nuit solitaire ou 
la peur de l’horreur du néant
 les enfants
 qu’on les fasse pour passer le temps debout couché assis ou devant 
la télé les infos au resto dans la rue
 ou parmi les passants 
 les enfants
 on les fait pour savoir quoi comment 
faire de l’amour qu’on a au-dedans 
tout au fond tout enfoui tout rentré 
 dans le cœur dans le sang
 les enfants 
on les fait pour arrêter le temps
 pour filer doux au vieillissement
 pour finir tranquillou pieds devant
 et quitter le monde ravi content
 mais l’enfant 
déjà né déjà là déjà grand   
 déjà laid déjà trop de mouvements 
trop de bruit trop de voix  
trop de cris trop d’odeurs et de vents
 mon enfant
 sur l’avenir mon investissement
 dans ce machin sale et vacillant
 déjà lent déjà loin déjà mou 
 déjà si décevant
 les enfants
 on les faits pour savoir quoi comment 
faire de tout l’amour qu’on a dedans
 et voilà quand ils naissent qu’ils vous laissent 
comme deux ronds de flan

Le 6 mai 2014 à 08:23

Résidence Sophocle

  Aujourd'hui je suis tombé sur mon fils en me risquant hors de la chambre. Le pauvre aveugle n'a pas senti ma présence, il était venu se ravitailler dans le coin cuisine, il tâtonnait à la recherche de son carton de céréales. En passant devant lui sur la pointe des pieds et sans respirer, j'ai pu aller jeter un coup d'œil à la salle de bain pour voir si sa mère y était. Il n'y avait que ses sous-vêtements qui flottaient dans le lavabo. Sa manie de rester propre en toutes circonstances. J'ai eu bien tort de m'inquiéter pour elle. Je farfouille dans la lessive par acquis de conscience, au cas où elle y aurait caché quelque chose pour moi, que sais-je, un signe, un couteau. Mais pourquoi aurait-elle eu cette idée, ils doivent me croire mort en travers du matelas conjugal. Sauf que je me suis relevé et que je vais me casser de cette taule. Je ne sais quel crime j'ai pu commettre pour mériter une humiliation pareille. J'ai dû oublier. Le problème pour m'en aller, ça va être de passer devant leur chambre. Trop risqué pour l'instant. J'attends qu'ils dorment. Une fois dehors qu'est-ce que je ferai ? Je ne suis pas certain d'aller sonner chez le voisin. Le gars ne va pas très bien non plus depuis la visite de son frangin. Ils étaient fâchés depuis des années, je crois que l'un couchait avec la femme de l'autre, aucun de ses gamins n'était de lui. Mais miracolo le cadet a décidé de pardonner, le voilà un beau jour sur le palier avec sa marmite en fonte dans les bras. Il avait mitonné un plat pour se rabibocher avec son grand frère. Les deux hommes s'étreignent en chialant. Descendent des bières et se relaient devant la gazinière pour touiller le ragoût à feu doux. C'est quand même beau la famille. Le fumet s'est mis à envahir la cour, l'immeuble entier bavait sur ce ragoût, moi compris. Mais au milieu de la nuit on a entendu des hurlements atroces – pire qu'un lion dépecé vivant. Au voisin, son frère venait de raconter qu'il lui avait fait bouffer ses deux bambins adultères en sauce. Le malheureux a eu la courante du siècle, des vipères lui roulaient dans le ventre, il voulait se vomir, se retrousser par la bouche. De bas en haut la cour s'est illuminée comme un théâtre à l'italienne, les voisins se marraient, s'envoyaient des commentaires, ça fusait d'une fenêtre à l'autre. La seule qui ne disait rien, une fois de plus, c'était la sorcière du cinquième. La sorcière de l'Est en déshabillé noir. Celle-là personne ne l'a jamais vue sortir de ses gonds. Elle suivait la scène en tirant sur sa clope. Mais elle avait eu son heure de gloire elle aussi, le jour où son gus l'avait plaquée pour une jeune Bettencourt. Sans un mot, elle avait lâché l'un après l'autre ses deux gamins endormis dans le vide de la cour. On a entendu deux splatch puis la fenêtre se refermer lentement. Je me dis que si j'arrive à me tirer d'ici, je monterai plutôt frapper à sa porte. On ne sait jamais, elle me laissera peut-être entrer. Une période de calme s'annonce. Le temps que ça incube. Même le voisin on ne l'entend plus. Lui aussi doit être en train de ruminer sa vengeance. Un plat qui se mange froid, si j'ose dire. Souvent ça implique de repartir à zéro. En fondant une nouvelle famille par exemple.

Le 18 avril 2014 à 10:48

Comment ça va la famille ?

l'Edito

Nous sommes tous frères ici bas… et heureusement pas beaux frères ! Ce bref aphorisme d'un humoriste inconnu rappelle avec lucidité la réalité de notre condition humaine : la Famille. Lieu de tous les amours, de toutes les haines, des bonheurs et des violences, des massacres de l'enfance et de ses tendresses infinies. Foutoir dans lequel se débat l'humanité depuis toujours, incapable d'échapper à cette fatalité, qu'avant de naître libres et égaux nous sommes d'abord fils ou fille d'un père et d'une mère eux-mêmes ayant subi le même sort et ainsi de suite. Toute tentative pour briser cet état de chose ne fait que l'empirer. Ceux qui fuient la famille ne réussissent souvent qu'à en créer une nouvelle ou à en rejoindre d'autres, qui pour n'être pas consanguines n'en sont pas moins idéologiques, religieuses, ou politiques. Même les plus hardis, allant jusqu'à se couper du monde pour s'en libérer, ont échoué. L'anachorète perdu dans son désert se retrouve seul face à Dieu le père ; quant au savant se réfugiant dans une solitude absolue pour tenter de comprendre l'univers, découvre soudain sous son microscope la cellule mère. Point d'issue donc. La famille nous constitue. Elle nous érige et nous étouffe, nous protège et nous détruit. Permanents champs de batailles où combattent sans répit désir de liberté et instinct grégaire, fierté d'appartenir à une lignée et volonté d'être soi. Mais de ce chaos naissent des étoiles : romans, théâtre, poèmes. Nous avons voulu vous offrir quelques uns de ces astres jaillis du magma familial, textes, images ou entretiens dont la grâce vous libèrera un instant de toute parenté.

Le 3 janvier 2018 à 13:54

Nos disques sont rayés #2 : deuxième édition de notre festival sur les blocages français

conception Jean-Daniel Magnin et Jean-Michel Ribes Beau succès la saison passée de Nos disques sont rayés, première édition d’un festival de mutineries, de rires et de réflexions pour s’élever au-dessus des blocages français. C’était juste avant les élections, nous avions faim de pointer les impasses d’un monde politique qui n’attendait que de s’écrouler. Cette saison, piqûre de rappel pour ausculter des disques rayés plus intimes, ceux qui viennent tourner insidieusement en boucle dans nos têtes. Ils font bégayer de magnifiques mots comme égalité, liberté d’opinion, transparence, justice, laïcité, fraternité, démocratie, mots que nous revendiquons toujours mais qui sont entravés, tenus en laisse, dévoyés de leur élan premier. Ce qui nous révolte et nous accable, nous entraîne dans un monde que nous n’avons pas choisi.En ouverture, une conférence de rédaction animée par des maîtres du stand-up. On attaque à l’acide nos manières de juger les rechutes du pays, ses quartiers, sa politique, ses tourbillons d’échecs successifs, les relations entre police et citoyens. Suivent quatre rendez-vous avec des penseurs hors piste qui secouent les étouffoirs de l’époque : Aude Lancelin, journaliste lanceuse d’alerte ; l’historienne Sophie Wahnich et la revue Vacarme appellent à desserrer les étaux qui réduisent nos démocraties à la « postdémocratie" ; le psychologue Tobie Nathan convoque un parlement des dieux pour réhumaniser notre laïcité ; le Prix Goncourt Éric Vuillard écrit sur l’oubli que nous avons d’être un peuple. LUNDI 29 JANVIER 
SOIRÉE D’OUVERTURE 20H – CARTE BLANCHE À KADER AOUN & SES STAND-UPPERS talk-show pour public indiscipliné soirée stand-up conçue par Kader Aoun avec Mathieu Madénian, Fary (distribution en cours) > en savoir plus JEUDI 8 FÉVRIER 20H – BIENVENUE DANS LE MONDE LIBRE conférence-performance d’Aude Lancelin > en savoir plus VENDREDI 9 FÉVRIER 20H – SOPHIE WAHNICH & LA REVUE VACARME conférence-performance > en savoir plus SAMEDI 10 FÉVRIER 15H – CARTE BLANCHE À ACTES SUD : ÉRIC VUILLARD entretien avec Pierre Assouline (Académie Goncourt) > en savoir plus 20H – LE PARLEMENT DES DIEUX conférence-performance de Tobie Nathan
 > en savoir plus Avec le soutien de l'Association des Centraliens  > retrouvez les conférences-performances Nos disques sont rayés en vidéo et podcast, captations vidéo réalisée par Léo Scalco

Le 13 février 2018 à 14:24

Tobie Nathan : Le Parlement des dieux

Tobie Nathan écoute des migrants depuis quarante-cinq ans. Professeur de psychologie à Paris VIII, il a fondé en 1993 le Centre Georges Devereux, centre universitaire d'aide psychologique aux familles migrantes. Il a publié une quarantaine d’ouvrages, dont Ethno-roman (Grasset, prix Femina essai 2012) et Ce pays qui te ressemble (Grasset, finaliste du prix Goncourt 2015). Avec Les Âmes errantes (L’Iconoclaste 2017), il affirme ce rare talent d’être un essayiste doublé d’une plume d’écrivain. Et si la laïcité, de moins en moins accueillante, ne parvenait plus à endiguer ce que Tobie Nathan appelle « la guerre des dieux » ? « Et je parle de tous les dieux, tant des divinités païennes que des dieux monothéistes, chacun singulier dans ses exigences, du Dieu des catholiques, des protestants, des musulmans ou des juifs ». Comment penser enfin un monde que les dieux, de fait aussi multiples que les peuples, accepteront un jour de partager en paix ? Peut-on, tel un guérisseur, apaiser ces forces dont les religions n'ont pas réussi à maîtriser la violence ? La République, à travers la loi de 1905, promettait de le faire. Nous en constatons l'échec : « ce sont ces mêmes dieux qui réapparaissent aujourd'hui, rendus d'autant plus cruels qu'ils se trouvent, du fait de la mondialisation, du déplacement accéléré des populations, en concurrence directe les uns avec les autres. » Pour Tobie Nathan, il est grand temps d'ouvrir, au sein de la laïcité française, un large « parlement des dieux ». Enregistré le 10 février 2018 dans la salle Topor du Théâtre du Rond-PointDurée : 02:04:31

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