Les bonus de la saison
Publié le 20/10/2017

Jean-Philippe Toussaint et le personnage au XXIe siècle


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Autres épisodes :

L'écrivain Jean-Philippe Toussaint est pour deux soirs sur la grande scène du Rond-Point avec M.M.M.M. (Marie Madeleine Marguerite de Montalte), un spectacle qu'il a conçu avec le musicien Alexandre Rochon et le Delano Orchestra. En lecture, musique, vidéos il vous propulse au cœur d'une saga qui ne ressemble à aucune autre saga — sauf qu'on y atterrit au Japon et y explore la Chine. Et nous invite à traverser à la vitesse d'une soirée de théâtre sa tétralogie déployant en quatre romans l'amour entre un narrateur et une grande styliste internationale (Faire l'amour; Fuir; La Vérité sur Marie et Nue).
Mais quel besoin a eu Toussaint de grimper sur les planches ? La même nécessité que lorsqu'il tourne un film, une vidéo expérimentale, photographie Tokyo ou les mégapoles chinoises, monte une exposition pour le Louvre : il y déploie son regard sur le monde du XXIe siècle autant que lorsqu'il écrit, nous ouvrant ainsi dans son atelier.
Propos recuillis par Jean-Daniel Magnin
Confessions, confidences et indiscrétions. Les spectacles, les auteurs, les artistes et tous ceux qui font la saison du Rond-Point. 

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Jean-Philippe Toussaint

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Le 17 septembre 2014 à 09:27

Gérard Watkins : "Un théâtre à la hauteur de nos craintes et de nos peurs"

Le théâtre de Gérard Watkins s'en va explorer nos intimes blessures, celles que le politique vient creuser au plus profond de notre être, souvent à notre insu. Comme à chaque époque, nos corps et nos esprits sont l'enjeu des batailles que se livent des géants. Aujourd'hui ils sont technologiques. "La différence principale entre un être vivant en 2014, et un autre un siècle auparavant, est l’avalanche d’informations qu’il ingurgite au quotidien. L’homme moderne est le réceptacle d’un savoir aussi superficiel que volumineux. Il est assiégé par une quantité infinie de détails qui ne le concernent pas mais qui savent se prétendre indispensables. Il doit consommer l’information au même titre qu’il doit consommer l’instrument qui le transmet et l’habitacle qui l’héberge. Il a donc su développer un réflexe pour se protéger, survivre :il tente de se constituer une mémoire sélective. Pour cela, il se fraye un chemin et choisit. Il choisit de se souvenir de la Shoah parce qu’il est difficile de faire autrement, mais choisit d’oublier les circonstances qui ont mené à la tragédie. Il se souvient de la joie et de la délivrance que procure une révolution en observant de loin le Printemps arabe, mais oublie d’accueillir en son pays les « dégâts collatéraux ». Il ne peut pas vraiment faire autrement. Il doit choisir, trier, faire ce long travail lui-même, sous peine d’implosion. Personne ne peut faire ce travail à sa place. C’est la seule responsabilité qui lui reste

Le 29 juin 2015 à 13:12

Xavier Gallais : Entrer en scène comme un animal

#1

La presse a été dithyrambique sur l'apparition "animale" du comédien Xavier Gallais dans la pièce d'Edward Albee La Maison et le zoo, traduite par Jean-Marie Besset et mise en scène par Gilbert Desveaux : "Homme animal", "Félin, loup, prince, clochard", "présence animale inouïe", "Sommes-nous tous des animaux ?", "L'homme, animal échappé du zoo", "prédateur", "l'animal qui est en nous"... On dit qu'aucun comédien ne peut rivaliser avec l'assiette incroyable qu'aura un animal en scène. Cet applomb d'évidence et cette liberté proche de la bestiole, comment s'y est-il pris pour l'avoir ? Comment fait-il ça ? Autant poser la question à l'intéressé. 1ère partie : l'entrée en scène. Xavier Gallais : "Je ne sais pas si je maîtrise tout, mais c'était évidemment une des idées de départ : il fallait qu'on voie que c'était à la fois un homme et à la fois un homme échappé du zoo — un animal. Mon désir était que d'entrée de jeu on sente qu'avec son arrivée tous les codes de théâtre qu'on avait eu au début de la pièce allaient être changés. L'animalité au théâtre, liée à cette pièce, vient comme un contre de ce qui pourrait être domestiqué. J'essaie d'analyser quels sont les signes théâtraux de la domestication. Comment un acteur est domestiqué et quels en sont les signes, favorables ou défavorables, et comment les contourner.  Moi j'aime bien travailler sur des contraintes, c'est là que je trouve ma liberté. Pour trouver une forme d'animalité, il me faut établir quelle est la normalité civilisée de l'acteur : parler de manière audible, frontale, ne pas montrer son dos, tenter de cacher ses failles, avoir un jeu entier, je pense que ce sont les signes de l'acteur domestiqué, que je devrais montrer si mon personnage le demandait. Donc ici c'est le contraire : ne pas arriver beau, montrable, mais sale, creusé, sans pouvoir cacher l'état de chaos dans lequel je suis à l'intérieur, par le maquillage, la sueur, l'essoufflement... je commence comme ça..."

Le 30 novembre 2013 à 13:02

Yves Pagès : "Nous pourrions tous être des chômeurs heureux"

Trousses de secours : la crise du travail

L'écrivain-éditeur-performeur-blogueur Yves Pagès revient au Rond-Point avec une nouvelle conférence-dérive. La saison dernière il explosait à tout jamais la bêtise des présentations PowerPoint. Aujourd'hui c'est notre rapport paradoxal au labeur qu'll explore - "depuis l'homme préhistorique (l'âge de pierre) jusqu'au télévigile (l'âge du drone). – Depuis plusieurs années tu blogues sur www.archyves.net. Existe-t-il selon toi une écriture spécifiquement numérique ?– On écrit toujours en fonction du support. Pour tenir un blog ou nourrir un site, on s’adapte aux contraintes du Net, en l’occurrence d’un lieu de lecture rapide, zappeuse, à mi-chemin de l’oral et du écrit-relu-corrigé. Donc, il faut s’en tenir à un état de semi-brouillon, d’inachèvement partiel. D’autre part, sur ce support, on peut alterner l’écrit et l’image (le son aussi mais techniquement ça me dépasse), et cette navette entre bloc de texte et pavé photographique dépasse le simple jeu de l’illustration et du commentaire iconographique, ça s’éclaire dans les deux sens et permet certains raccourcis, certaines ellipses, puisque l’image parle aussi d’elle-même.– Ta conférence-performance est-elle la suite de ton livre Petites Natures mortes, où tu croquais en deux coups de crayon le destin de ceux qui cherchent dans les emplois précaires un peu d'oxygène pour leur survie ?– Ce faux-cours de psycho-physiologie du travail tient à une approche forcément différente, puisqu’elle s’inscrit dans un registre: le cours magistral (avec diapos projetées). C’est une parole dominante, un discours d’autorité, qui n’est donc pas dénonciateur, ni ironique par rapport aux arbitraires sociaux. Mais au sein de cet esprit de sérieux (tous les faits et documents que je vais présenter étant a priori), ma parole pseudo-pédagogique va finir par dévoiler une mutation du rapport au travail dont les précaires ont déjà fait les frais et dans le même temps éprouvé le potentiel libérateur. Bref, je vais montrer (par une démonstration abusive sans doute, mais non dépourvue de réalité) comment le travail humain n’est plus là où l’on continue à le faire croire, bref comment nous pourrions tous être des chômeurs heureux (à deux tiers temps). – Le pilotage de drones ouvre-t-il une nouvelle étape dans notre rapport au travail ?C’est un cas exemplaire de travail qui apparaît vers la fin de mon cours/démonstration. En l’occurrence piloter un drone, c’est jouer sur une console vidéo, où il ne se passe quasiment rien, et puis tuer à distance tel ou tel suspect à raison de trois secondes d’activité pour une semaine de télé-surveillance du néant. Un peu comme les traders devant leurs huit écrans d’ordinateur qui déroulent les encéphalogrammes de l’économie de marché. Bref, tous ces métiers sont à la fois du farniente forcé (ce qui ne va pas sans stress) et de la télésurveillance, au même titre qu’un vigile qui surveille sur son écran les 7% de comportements suspects des passants dans tel parking, tel sas de banque ou telle rue piétonne aux abords d’un centre commercial.– Le travail c’est la santé ?Le travail en français mélange toutes les activités (rémunérées, domestiques, sans oublier le travail du deuil, le travail de l’accouchée et… c’est l’objet de la fin de ma conférence, le travail de l’inconscient au cours du rêve). Or ce qui rend malade, ce n’est pas d’activer ses neurones ou ses muscles, mais de le faire inutilement, d’œuvrer pour des choses qui nous dégoûtent, de justifier par notre présence un organigramme hiérarchique sans objet, de répondre à des cadences productives inhumaines (alors que des machines s'en chargeraient bien mieux toutes seules)… bref, de dépenser son énergie le plus souvent à contre-emploi pour un salaire qui ne permet même plus de se loger, nourrir et festoyer dignement. Par contre, s’il y a un travail au sens neuro-physiologique qui sert à quelque chose et qui fait du bien à notre santé, c’est celui du sommeil paradoxal, ce temps nocturne où nous rêvons, inventons des idées, arpentons d’autres mondes possible… que le nôtre.

Le 22 avril 2010 à 14:43

3 salles

Ça c'est le Rond-Point

Une spectatrice quitte perturbée la grande salle du Rond-Point. En traversant le hall elle croise un ouvreur (ou un responsable de salle).  LA SPECTATRICE. – Vous avez trois salles ! C’est impossible, vraiment impossible !! L’OUVREUR. – Impossible ??!LA SPECTATRICE. – Bien sûr ! Quand je vais dans la première, au bout de trois minutes je me dis « pourquoi je ne suis pas dans la seconde ?… je suis sûre que le spectacle de la seconde est beaucoup mieux », et dès que je suis dans la seconde, je suis aussitôt traversée par l’envie d’aller dans la troisième où je suis sûre que ce qui se passe sur scène est beaucoup plus excitant.L’OUVREUR. – Madame, je crois que…LA SPECTATRICE (le coupant). – J’ai déjà vécu ça avec mon premier mari, un jour il m’a présenté son frère Paul, un grand gars tout blond et je me suis dit : « Tiens, il est peut-être plus…plus… », enfin vous voyez. Alors je l’ai épousé. Seulement Paul, deux mois après il m’a fait rencontrer son cousin Marc, un petit homme brun avec les yeux bleus et aussitôt j’ai ressenti qu’il était peut-être plus… plus… enfin vous voyez. Et à peine j’avais épousé Marc… (elle se prend la tête dans les mains) Non, croyez-moi, ce n’est pas drôle… Alors je me suis dit, allons au Théâtre du Rond-Point, ça va me changer les idées, et toc! il y a trois salles…pareil !!… je suis maudite ou quoi ? L’OUVREUR. – Je suis désolé Madame, vous voulez qu’on vous rembourse ? LA SPECTATRICE. – Non, mais peut-être vous pourriez me faire oublier. L’OUVREUR. – Oublier ? LA SPECTATRICE. – Qu’est-ce que vous faîtes ce soir ? On pourrait aller dîner ensemble parce que sincèrement je vous trouve plus… plus… L’OUVREUR. – Avec plaisir Madame, mais je ne suis pas sûr que ce soit la solution. LA SPECTATRICE. – Pourquoi ? L’OUVREUR. – La carte, Madame. LA SPECTATRICE. – La carte ? L’OUVREUR. – Du restaurant, Madame. Il n’y a rarement qu’un plat sur une carte de restaurant. LA SPECTATRICE. – C’est vrai !… Ma vie est un enfer. Effondrée elle se dirige vers la sortie.L’OUVREUR (la suivant, inquiet). – Où allez-vous Madame ? LA SPECTATRICE. – Comme d’habitude, me réfugier dans ma salle de bains. L’OUVREUR (inquiet). – Mais pourquoi ? LA SPECTATRICE. – Parce que figurez-vous que là au moins, dans ma salle de bains, il n’y a qu’une baignoire !! Elle quitte le théâtre en laissant l’ouvreur interdit. FIN

Le 23 décembre 2010 à 12:00

Viktor Orbán plus rapide que "Poutluscozy"

Carte postale de Hongrie

Comment devenir Poutine en son pays quand aucun pétrole ne coule en Hongrie ? Comment régner tel un Berlusconi radieux sur l'ensemble des médias nationaux, Internet compris ? Légiférer dix fois plus vite que l'hyperprésident français ? Lancer la plus grande chasse aux sorcières depuis la chute du Mur et caser ses lieutenants à tous les étages du système ? Après son élection raz de marée en avril dernier, Viktor Orbán va si vite qu'il a laissé tout le monde sur le carreau : opposition, opinion publique, presse, chancelleries, Bruxelles... En huit petits mois seulement, le nouveau Premier ministre est en passe de devenir un autocrate exerçant un pouvoir absolu sur la Hongrie — en toute légalité. Fort de son emprise sur le Parlement à Budapest (sa machine de guerre, le Fidesz, y tient deux tiers des sièges), il a pu modifier à répétition la Constitution, pomper dans le gisement des retraites privées, faire placarder son credo nationaliste dans tous les établissements publics du pays, distribuer des passeports aux minorités hongroises des pays voisins, savonner le pouvoir de la Haute cour de justice, nommer un champion d'escrime à la présidence de la République et, par exemple, un ancien Hell's Angel des "Motard Goy" à la tête de Radio Petöfi, la meilleure station musicale du pays.Sur Radio Kossuth, le France Inter magyar, un journaliste a eu le courage de faire une minute de silence à l'antenne après avoir annoncé la création d'une Autorité nationale des médias et des communications (NMHH) contrôlée majoritairement par le Fidesz d'Orbán : tous les médias, publics comme privés, devront corriger des informations jugées erronées par la NMHH, sous peine de très lourdes amendes «pour manque d’objectivité politique». Depuis son acte héroïque, on n'entend plus guère le brave homme sur les ondes de Radio Kossuth, il doit être en train de songer à une reconversion radicale.Maigres protestations : plusieurs journaux sont parus mardi dernier avec une première page vide – mais la manifestation qui a suivi n'a rassemblé que 1500 personnes. Les Hongrois sont fatigués de la politique, et Viktor en profite pour courir sur d'autres dossiers. Par exemple l'éviction du metteur en scène Robert Alföldi de la direction du Théâtre National, après qu'un parti d'extrême droite ouvertement anti-rom et anti-juif a réclamé sa tête parce qu'il était "une pédale, un pervers, un Juif indigne du théâtre national" (> pétition internationale de soutien).Ah oui, encore une chose : la Hongrie prend la présidence tournante de l'UE au 1er janvier. Viktor sera au centre de la photo. Bonne et heureuse année en Europe !

Le 28 novembre 2013 à 10:52

Jean-Michel Espitallier : "Les loisirs, quel boulot !"

Trousses de secours : la crise du travail

Entre rire jaune et émerveillement toponymique, le poète-batteur Jean-Michel Espitallier (il tient la batterie dans un groupe rock) nous invite à une performance loufoque sur le contraire du travail : les loisirs et les vacances. Avant sa venue au Rond-Point, une batterie de questions ventscontraires : – Quel rôle joue la scène dans votre trajet d'écrivain ?La scène est une autre façon de faire vivre ses textes, elle permet une publication dans un autre espace, celui de l’oralité et du son, lequel en éprouver la texture, les subtilités, les forces ou les faiblesses. S’y opère la « sortie du livre » chère aux poètes sonores, et aussi, c’est très important, un retour immédiat du public, en temps réel. C’est aussi, bien souvent en ce qui me concerne, un banc d’essai. En même temps, monter sur scène pour y lire ou y performer ses textes, parfois écrits pour la scène, c’est aussi apparaître avec son corps. Le corps de l’écrivain qui est, dans une sorte d’inconscient collectif, un personnage qu’habituellement l’on ne voit pas (cliché romantique de l’écrivain retranché dans sa chambre, solitaire, cf Proust, par exemple, dans sa chambre capitonnée du boulevard Haussmann, Rimbaud écrivant dans la grange de la maison familiale, etc.), ce corps qui soudain apparaît surexposé. Le texte n’est plus une marqueterie typographique rangée dans un livre, destiné à une lecture silencieuse, intérieure. Il sort du corps de son auteur, en direct. Et puis, la dimension scénique de l’écriture implique toujours aussi une sorte de réécriture, par la bouche. Mes textes n’ont pas le même statut quand ils sont imprimés ou oralisés, ce sont parfois deux histoires différentes, deux moments d’une même bouture. Deux formes plastiques d’un même projet, deux idylles d’un même amour. Qui se complètent et se nourrissent. Sans compter que l’oralité, et le son, permettent de faire dériver le sens d’un texte, ce qui est d’ailleurs assez extraordinaire.– Qu'il s'agisse de la vie ou de la mort, des célébrités célèbres ou oubliées, vous marquez une certaine prédilection pour l'écriture par listes ou catalogues. Pourquoi ?J’adore les listes, et les listes sont partout dans la littérature, classique et moderne, à commencer par la Bible ! La liste appelle le monde à soi, accumule des traces, et le listeur est un peu comme le fétichiste ou le collectionneur, il cherche le mot idéal, celui qui résumerait tout et qui, bien sûr, n’existe pas. La liste est un objet tellement simple, banal, qu’elle en devient saugrenue, étrange dès lors qu’on l’importe dans l’espace littéraire. La liste est aussi un geste littéral, qui pose et expose des mots sans passer par la syntaxe, sans commentaire. Et puis lister c’est aussi faire se côtoyer des mots qui n’étaient pas forcément faits pour se rencontrer… Soudures ou juxtaposition contre-nature dont le frottement, les collisions produisent du sens, d’autres moyens de faire sens. La fameuse rencontre de la machine à coudre et du parapluie. C’est assez magique. Et puis, bien entendu, la liste est également le terrain du rythme, de la répétition, de la scansion, de la frappe, de la vitesse et de ses modulations.– Cherchez-vous une poésie à hauteur du "magasin de couleurs" qu'est devenu le monde d'aujourd'hui, pour citer Nietzsche ?Puisque vous citez Nietzsche, je dois dire que c’est l’une de mes grandes références, à commencer par l’élégance de son style (et aussi par son attention portée au style, cet « aristocratisme »). Etre à hauteur du monde oui, mais une hauteur critique, qui peut certes aussi passer par l’émerveillement. Il s’agit de mettre son grain de sel et de créer des bugs dans la langue, de la mettre à nu, pour la révéler dans ses potentialités, ses leurres, ses violences ou son inanité. Parce que l’état de la langue dit d’abord l’état du monde.– Nous vous avons proposé de venir au Rond-Point avec une conférence-performance sur le travail. Vous allez nous parler des loisirs. Pourquoi ?Les loisirs sont généralement opposés au travail, comme si l’un et l’autre devaient s’exclure. Cette exclusion forme couple. Voilà qui dit bien l’état dans lequel se trouve le travail, aujourd’hui où le métier est devenu un emploi. Quel mot terrible ! Nous sommes arrivés à un tel état d’aliénation que le loisir agit comme une sorte de petite revanche, de consolation, de bouffée d’air pur. En même temps, les vacances, les loisirs au sens large sont eux aussi minés par l’ultralibéralisme qui s’en est emparé pour les transformer en produits marchands et donc, aussi, les contrôler. Le temps libre est en réalité un temps de liberté surveillée, parcimonieuse, strictement encadrée. Mais il ne s’agira pas de développer cette idée dans ma performance, en tout cas pas de manière frontale. Je m’attache plutôt aux rêveries sur les toponymes (rêveries gratuites, qui n’ont donc pas de prix !), à une interrogation sur le statut de lieux touristiques qui masquent parfois des réalités tragiques (c’est l’objet de mon détournement des fameuses cartes postales de Georges Perec) et au-delà sur le sens des mots et aussi sur le tragique qui court sous des formes comiques dans tous mes livres. Et bien, sûr, je réinterroge ce lieu de tous les phantasmes qu’est le show-business et la pop culture au sens large. Mais je présenterai aussi quelques courtes pièces qui n’ont pas de rapport direct avec ce thème, je veux dire que je m’en donne le loisir…– Où partez-vous pour vos prochaines vacances ?Je suis tout le temps en vacances puisque je suis tout le temps au travail… Donc, toujours parti (je n’en reviens pas !).

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