Nicolas Esprime
Publié le 05/02/2011

Soldes


Aujourd’hui j’ai acheté du beaujolais nouveau.

Avant même sa naissance, l’administration française le prive de deux accents aigus. En 2004, il découvre Schopenhauer, Topor et Arolde. En 2005, il devient membre d’hormeur du GERPM-SC. En 2008, Marcel Lapierre le nomme hambassadeur de l’AVN auprès du HORAL. En 2026, il est évincé de la rédaction de ventscontraires.net pour avoir participé activement à la manifestation « Vive la police ! » organisée par le Collectif MANIFESTEMENT. Il sombre alors dans l’alcoolisme et entame une longue descente aux enfers.

 

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Le 25 novembre 2011 à 08:10
Le 2 novembre 2011 à 08:45

France-Ethiopie

Carte postale d'Addis Abeba

Vue à travers les yeux de bon nombre d’Ethiopiens, la France est un Eldorado prodigieux où l’argent déborde des poches de tous comme d’une fontaine inépuisable, où les gens habitent dans de belles et vastes maisons remplies d’objets de prix, où personne ne meurt de faim, où l’on peut rire publiquement du gouvernement ; bref, où liberté et abondance sont les maîtres mots. Un paradis fermé, inaccessible, dont la clé est un visa. Saint-Pierre, qui la détient, habite à l’ambassade, derrière un guichet vitré. Il a laissé sa barbe et son sourire bonhomme quelque part dans les nuages. Il n’est pas très accommodant.   Moi qui suis français, je ne me laisse pas prendre à ces histoires d’une naïveté amusante. Je ne m’en laisse pas conter, non : je lis la presse en ligne. On y trouve toutes sortes de récits édifiants. Les cantines servent trop de viande, le PSG bat Lens sur le score de 3 à 1, les chiffres des derniers sondages baissent, l’immobilier monte, tel politique de droite gesticule vigoureusement, tel autre, à gauche, mouline des bras pour faire du vent (contraire). Je peux embrasser d’un seul coup d’œil cent petites phrases, mille analyses, cent mille faits divers, tous très importants.   A y bien réfléchir, on s’y perd un peu. Je ne la vois peut-être pas si bien, la France, là-dedans…   Si l’on ne peut croire ni le regard des Ethiopiens ni celui des médias, il me reste du moins les yeux du souvenir. Que vous dirai-je ? Vues d’Addis Abeba, les rues françaises manquent de chiens errants et d’ânes en goguette, de chats pelés, d’eucalyptus, de chèvres, d’odeurs de café frais mêlé d’encens, de soleils froids et rasants, de grands tissus blancs flottant derrière les femmes. Mais on peut y déguster en terrasse, dans ce petit restaurant de la rue de l’Arbre Sec, des planches couvertes de fromages et de charcuterie, arrosées d’un rouge léger de Loire dont la seule évocation me met les larmes aux yeux.   La voilà, tiens, la France que je préfère. Celle qui rigole à une table de bistro dans la fraîcheur automnale, les yeux allumés par le Bourgueil.   Cette table même où, il n’y a pas si longtemps, je rêvais de l’Ethiopie.

Le 27 septembre 2011 à 11:18

Jean-Paul Clébert, clochard céleste

Portrait 25

Jean-Paul Clébert a été surnommé un temps, le clochard qui a failli avoir le prix Goncourt. Jean-Paul Clébert est né le 23 février 1926 et il est mort la semaine dernière, le 21 septembre 2011. Dans son nom, Jean-Paul Clébert est à une voyelle de clébard. Après avoir été cheminot, trimard, résistant puis avoir parcouru l’Asie, il tape la cloche dans le beau Paris Insolite des années cinquante. Ses compagnons de route ? Doisneau, Giraud, quelques surréalistes, quelques situationnistes. Il écrit au dos des paquets de gauloise après avoir découvert Bourlinguer de Cendrars. C’est lui qui l’introduira chez Denoël. Son seul maître, avec peut être Henry Miller à qui il fait visiter les bordels Parisiens. Clébert parlait des gitans, des arabes, des juifs, des caniveaux, des chiens, des petits matins rouges, des ficelles, des putes, des chineurs, de la faim et du vin. Il n’idéalisait rien et surtout pas la misère. Il montrait ce que personne n’en connaissait, sa beauté, sa fierté, son courage. Il était venu finir sa vie pas loin de chez moi, dans les collines du Luberon, loin du Paris frimeur qu’il ne reconnaissait plus, écrire des livres sur l’ail ou la Provence. Mais il sera resté jusqu’au bout du même bord ; «avec ces hommes qui crèvent de  faim, se foutent pas mal des beautés de la liberté et de la marche à pied, ont misé sur l’avenir et le boulot bien fait et dont on apprend du bout des yeux le décès dans la colonne des faits d'hiver, vieux et vieilles morts solitaires dans un taudis innommable, ou rongés tout vivants sur leur grabats par les rats». Les éditons Attila ont rééditées son Paris Insolite il y a deux ans.

Le 30 septembre 2012 à 08:45
Le 18 mai 2013 à 10:52

Lettre ouverte à Pierre Autin-Grenier

Clochard céleste, portrait 40

Cher monsieur Autin-Grenier, je vous écris de mon bain, en ce dimanche de pluie. J'ai dit à ma douce que j'étais disponible si elle avait envie de gentiment me caresser le sexe dans l'eau chaude mais je crois qu'elle a prévu d'autres façons d'embellir le monde, je pense donc que nous serons tranquilles pour discuter. Cher monsieur Autin-Grenier, je ne vous écris pas du Montana mais je sais qu'un Japonais neurasthénique rêve du Far West provençal de la même manière que nous projetons nos fantasmes sur les collines, les fleuves et les baies des Rocheuses où naquirent nombre de poètes et de crotales. Je vais donc considérer que mon bain est une sorte de Montana japonais et qu'ainsi l'honneur du rêve est sauf. Cher monsieur Autin Grenier, ne vous rabrouez point, je ne suis pas un courtisan, je suis un fantassin électrique, un collectionneur de poussière, un arrière-goût, un pousse-mégot, une impression. Cher monsieur Autin-Grenier, ce monde n'est pas le mien et ça vous fait une belle jambe. Pourtant j'écris, je fume sur la terrasse en matant les mésanges, je dors, je rêve, j'aime et je suis même sur le point de me reproduire ce qui prouve que nous ne sommes pas à une contradiction près et que la chute vaut bien la façon dont nous nous rattrapons aux branches. Cher monsieur Autin-Grenier, vous faites partie de mes sauveurs familiers au même titre qu'Elliott Smith, Al Green, Miles Davis, Richard Brautigan, le vieux Buk, Issa, Rick Bass, Nina Simone ou Bob Marley. Cher monsieur Autin Grenier, Luke-la-main-froide est mort et Johnny Boy s'est fait avoir, Vendredi est dans de sales draps, Tsi-na-pa est devenu marshal, Ardisson passe pour un rebelle et Bizot est oublié, le poil d'éléphant se porte aux poignets, les contre-cultures ont une durée de vie de sans-papiers et les syndicats ne sont plus représentatifs. Cher monsieur Autin Grenier, tous les matins en allant pourrir au bureau, je croise deux dromadaires dans un champ au bord de la nationale et je me dis que tant qu'ils se moquent de nous, tout n'est pas perdu. Cher monsieur Autin Grenier, nous ne croyons en rien et nous aimons trop, lorsqu'il y aura un gros pépin nous ne ferons pas long feu. Cher monsieur Autin-Grenier, vous faites partie de ceux qui m'ont donné envie d'écrire, donc de voir, donc d'apprendre, donc d'en rire, donc de vivre. Cher monsieur Autin-Grenier, je vis en dessous du seuil de pauvreté, j'ai passé trois fois mon bac et six fois mon permis, je pourrais tomber accro d'une bouteille d'eau, j'habite avec un chien peureux et une femme douce et fragile, je finis rarement les livres que je commence et je suis le roi des fautes d'orthographe. Cher monsieur Autin Grenier, j'aime Erri de Luca, Terrence Malik, Patrick Dewaere et Magik Malik, Manu Larcenet, Shuggy Otis, Into The Wild, Bonnie Prince Billy et Lou Reed. Je n'ai rien contre la fuite à condition d'exister. Cher monsieur Autin-Grenier, certains voient dans vos livres des histoires d'anarchistes, d'autres d'andouillettes et de vin blanc, moi j'ai l'impression que vous parlez de chiens mourants, de fantômes encordés, de diamants dans les flaques des rues, d'aigles royaux qui attaquent le ciel. La littérature est notre charbon merveilleux. Cher monsieur Autin-Grenier, je voulais vous remercier de persister avec la grâce d'une coccinelle dans un plat d'huîtres ...

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