Thierry Noellec
Publié le 22/10/2011

L'odeur de l'amour


Jeannette était heureuse. Enfin, enfin ! Elle avait déniché cet homme charmant, ce compagnon galant, cet amant responsable qu’elle avait tant espéré depuis des lustres. Se remémorant leurs fougueux ébats de la veille, elle esquissa un sourire radieux. Le souvenir en était encore si présent ! Les gestes, les regards, la marque des étreintes au plus intime de la chair et jusqu’à cette coquine odeur de caoutchouc brûlé qui témoignait de l’ardeur de leur amour.
Depuis toujours scribouilleur en amateur, je consacre mon temps libre à écrire des romans noirs impubliables (et d'ailleurs non publiés) et à écrire des billets où l'humour potache et trash s'amuse de la médiocrité du monde. Ce qui me convient bien car on ne parle jamais aussi bien que de ce que l'on connait bien. 

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Thierry Noellec

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Le 14 août 2010 à 19:04

I love you Bill Murray

Rien à faire : chaque fois que j’imagine une histoire, tricote un rêve en phase paradoxale, m’apparaît le visage de Bill Murray. Soyons franche, l’homme n’est pas beau. Dans ses films, il parle peu. C’est même un maître du laconisme. A ses débuts comme humoriste, il a fait rire l’Amérique par ses blagues au Saturday Night show. Il continue à la faire s’esclaffer par son désabusement, son air de chien battu. Car Bill Murray semble toujours étonné d’être là, comme dépassé par les événements, étranger à sa propre vie, victime du hasard et des rencontres qu’il impose. Cet homme mi-cabot, mi cabotin, frappé et flapi, n’interprète que des personnages sur le déclin, acteur en perte de vitesse réduit à d’imbéciles publicités au Japon (Lost in translation), séducteur ayant perdu toute vitalité et superbe (Broken Flowers), survivant grimé, bientôt raide mort à la suite d’un stupide malentendu (Bienvenue à Zombieland). Cet ancien chasseur de fantômes (Ghost Busters), ce guetteur de marmottes (Un jour sans fin) traîne à la manière d’une épave. Ce corps avachi, vêtu d’un simple peignoir, l’esprit, les rêves, l’espoir l’ont déserté. Au cinéma, Bill Murray nous regarde à la manière de la femelle orang-outan de la ménagerie du Jardin des Plantes. Genre : qu’est-ce qu’on fait là, vous et moi ? Epoux mélancolique, célibataire ironique, Don Juan à marée basse, vidé de tout désir, toujours pince-sans-rire et finalement prêt aux aventures les plus folles. Son flegme de Belle au Bois Dormant fatiguée tient du questionnement métaphysique. C’est le seul type qu’on supporte en survêtement, qu’on détesterait bousculer. I love you Bill Murray.

Le 25 novembre 2011 à 08:10
Le 23 avril 2014 à 10:21

Les bagatelles de la porte

Depuis le XIIe siècle et jusqu'à la Révolution française, se tenaient à Paris deux Foires : la Foire Saint-Germain près de l'église Saint-Germain-des-Prés actuelle, et la Foire Saint-Laurent, dans les environs de la gare de l'Est ; l'une au printemps, l'autre à l’automne. La Foire s'écrit ici avec une majuscule afin de ne pas la confondre avec la fête foraine née sous le Second Empire. Ces Foires se présentaient comme de véritables villes éphémères avec des rues bordées de loges. Certaines d'entre elles proposaient des spectacles. C'est là, d'ailleurs, qu'est né un genre : l'opéra-comique. Pour attirer le chaland, ces loges donnaient sur un balcon appelé « parapet » des « parades » obscènes interprétées par Arlequin, le séducteur ; par Polichinelle, le bossu et par Pierrot, l'amoureux transi. Ces « parades » consistaient en des petits textes égrillards destinés à allécher le public avant « le plat de résistance » donné à l'intérieur de la loge. On les nommait les bagatelles de la porte. Ces mises en bouche alertes étaient l'une des distractions favorites de l'aristocratie. N'avait-elle pas tout son temps ? En matière d'érotisme ne savait-elle pas cultiver l'art du différé ? Si bien qu'au XIXe siècle, s'amuser à la bagatelle renvoyait aux préliminaires amoureux avec la foutaise, les plaisirs de la fantaisie, la pacotille, l'amour à la dérobée. En rester aux bagatelles de la porte, c'est, littéralement, ne pas pénétrer, rester sur le seuil. La porte correspondant au portail de rubis, à la porte du palais d'amour, à la porte du paradis, du jardin des délices. C'est alors qu'il est opportun de convoquer un personnage de théâtre : Célimène, la coquette du Misanthrope. Elle est entourée de petits marquis qui restent dans la cour, sur le seuil, sans pénétrer. D'ailleurs dans Célimène, n'entends-on pas « c'est l'hymen » ? Elle est courtisée, certes, mais ne se laisse pas prendre. La coquette d'autrefois, c'est l'allumeuse d'aujourd'hui. Si vous voulez en savoir plus sur le sujet, n'hésitez pas à vous procurer mon dernier ouvrage paru : les bagatelles de la porte. Précis des préliminaires amoureux, Pauvert éditeur. Et, pour employer un proverbe bien connu et ambigu : « on n'est jamais si bien servi que par soi-même »...

Le 1 mars 2013 à 10:15

Je ne m'aime pas

Je suis comme plein de gens, je ne m’aime pas. Mieux : je me déteste. Or, pour vous, c’est simple : vous vous détestez, bon, voilà, c’est dit. Mais pour moi, c’est terrible ! Car je suis juif ! Et je ne peux pas me piffer. Je ne peux pas me voir en peinture, je me hais, je me conchie. De nos jours, c’est ultra-grave : Je suis juif, je ne m’aime pas, DONC je n’aime pas les juifs. C’est de l’antisémitisme primaire ! Ça tombe sous le coup de la loi ! C’est très grave ! Oh, j’ai bien essayé de tourner la chose différemment : Je ne m’aime pas, mais c’est pas parce que je suis juif ! Hum… Ça revient exactement au même ! je ne m’aime pas mais quoi que j’en dise, je suis juif DONC je n’aime pas le juif que je suis DONC je n’aime pas les juifs. Il n’y a pas moyen de sortir de ça avec ce putain de syllogisme !Que faire ? C’est extrêmement dangereux, ces idées là ! On sait où ça mène ! Dans un train ! Et pas en première classe ! Et si j’étais arabe ? Vous imaginez ? On me collerait vite fait l’étiquette d’islamophobe ! Ou noir ? Pof, raciste ! C’est vite fait de vous cataloguer… Par contre, handicapé, femme, myope, nain, c’est déjà moins grave. Y a pas de lobby.Mais juif ! Cependant, moi, qui suis juif et qui ne m’aime pas, j’ai une chance, oh toute petite, de ne pas être poursuivi pour antisémitisme : Je ne suis pas circoncis, oui, un accident. Ah pardon, ce n’est pas un détail. Car je peux dire en toute innocence : je ne m’aime pas mais rassurez-vous : je ne suis pas circoncis !

Le 17 octobre 2015 à 09:07
Le 11 juin 2013 à 10:01

Lyon : Une jeune fille choquée après que son copain a raccroché le premier 

LYON – Une jeune fille a été fortement choquée ce matin après un échange téléphonique avec son ami, demeurant à Saint-Étienne, qui a été le premier des deux à raccrocher. Surprise, elle tente encore de comprendre les raisons qui ont pu le pousser à un tel acte. Reportage. Un banal coup de fil qui vire au psychodrame La journée s’annonçait pourtant belle ce dimanche dans la capitale des Gaules. Juliette, 17 ans, appelait son ami, Éric à Saint-Étienne. Soudain, c’est le drame. Alors qu’ils sont sur le point de terminer leur conversation, le jeune homme sans histoires prend l’initiative de raccrocher le premier. « Je venais juste de lui dire au revoir, j’ai eu à peine le temps de lui dire “Allez, à trois on raccroche ? 1, 2 , 3” puis, plus rien ». En couple depuis plus de six mois, Juliette a déclaré ne pas comprendre les raisons d’un tel geste lors d’une conférence de presse. Selon elle, « Éric est quelqu’un de très équilibré, je ne comprends pas ce qui s’est passé ». Du côté du jeune homme, qui a refusé dans un premier temps  de répondre aux questions des journalistes, ce sont les parents qui se sont exprimés. Selon eux, « la conversation a été très correcte, il n’y a eu aucune volonté de heurter ou de choquer de la part d’Éric ». Une source proche du dossier précise « Il n’y a aucune raison de croire qu’Éric a agi sur un coup de tête ». Toujours selon les enquêteurs, il semblerait surtout que le garçon n’ait fait qu’exécuter une demande de Juliette. Selon les proches du couple, ce n’est pas la première fois qu’Éric se comporte de manière désordonnée : «Lors d’une sortie, il y a plusieurs semaines, Juliette aurait plaisanté en lançant “Et si on se faisait un restaurant” ». Éric l’aurait alors amenée dans un restaurant proche, ils y auraient “plutôt bien mangé”. Une impulsivité qui pourrait expliquer le drame d’hier. Dans l’immédiat, la jeune fille a préféré rester avec sa famille et a annoncé qu’elle ne ferait pas d’autre déclaration à la presse. Joint par téléphone, Éric nous a dit ne pas vouloir s’exprimer sur le sujet avant de raccrocher, une fois de plus, en fin de conversation. Le Gorafi Illustration : casenbina /  iStock  

Le 23 septembre 2015 à 09:38

Demain, le nouveau monde ludico-amoureux de Fourier : « Jamais trop. Jamais assez. »

Les seuls lendemains qui me chantent et qui devraient vous chanter aussi si vous n’êtes pas une andouille, c’est la société de la jouissance sans demi-démesures proposée au XIXe siècle par l’inouï Charles Fourier. Pour vous entraîner dans « la volée passionnelle », c’est-à-dire dans « l’ordre social où le minimum quotidien du pauvre sera une table servie à 32 mets quod me memorandum », j’ai interviewé l’auteur du livre le plus chamboulant jamais frigoussé, Le Nouveau Monde amoureux (années 1820), réédité par Stock et par les Presses du réel.   Charles Fourier, quels échos votre programme de réinvention totale de l'entendement humain éveille-t-il aujourd'hui ? ­Nous sommes, dit-on, le siècle des esprits forts. Je voulais éprouver s'il se trouverait quelque tête assez forte pour entendre la théorie des développements et emplois de l'amour. Mais la génération actuelle est trop difforme, trop mal faite et surtout trop grossière pour qu'on puisse lui appliquer de pareilles coutumes.   Sur quoi se base votre théorie ? Sur l'avènement d'une société de jouissances qui saura tirer des perles du fumier passionnel qu'on nomme Civilisation, car elle opérera sur les mêmes passions qui engendrent parmi nous tant d'infamies. Il ne s'agit pas de changer les passions, mais de changer leur marche, leurs voies d'essor, en trouvant un moyen d'utiliser les goûts, même immondes, que la nature nous donne.   Même immondes ! S'agirait-il donc de laisser courir les assassins dangereux sous prétexte que le meurtre est pour eux une passion ? Il n'y a point de passions vicieuses, il n'y a que de vicieux développements. J'admets que le meurtre, le larcin, la fourberie sont des essors vicieux, mais la passion qui les produit est bonne et a dû être jugée utile par Dieu qui la créa.   Votre Dieu serait-il réellement hostile au « dogme anti-voluptueux » qui allaite toutes les religions ? Dire, comme les chrétiens, que Dieu veut que nous luttions contre nos passions pour obtenir le bonheur éternel, c'est dire qu'il doute de sa propre sagesse, qu'il veut se tenter lui-même, en essayant si la faible raison qui vient de nous balancera les forces immenses des passions qui viennent à lui, c'est dire enfin qu'il nous récompensera à jamais si nous détruisons son ouvrage et qu'il nous punira à jamais si nous obéissons à ses dispositions toutes combinées pour assurer le triomphe des passions.   Mais que faites-vous des passions sales, dégradantes, merdiques ? Il y a une frénésie ordurière chez tous les enfants. Est-ce vice d'éducation, défaut de préceptes ? Non, car plus on les sermonnera contre la saleté, plus ils s'y acharneront. Nous ne saurions, en civilisation, débrouiller cette énigme. La manie de saleté qui règne chez les enfants n'est qu'un germe informe comme le fruit sauvage; il faut le raffiner. Cette manie de saleté est une impulsion nécessaire pour aider les enfants à supporter gaiement le dégoût attaché aux travaux immondes, et à s'ouvrir, dans la carrière de la cochonnerie, un vaste champ de gloire industrielle et de philanthropie unitaire.   Et qu’en sera-t-il du germe « informe » de la manie de paresse ? Votre société édénique ne sera-t-elle pas parasitée par les branlotins ? Il n'y a point d'enfants paresseux, même en civilisation. Tous sont des travailleurs infatigables quand la fantaisie leur en prend. Voyez-les dans leurs nobles expéditions qu'ils appellent des farces, quand ils vont casser des vitres, tirer des sonnettes, démolir un mur, arracher des palissades, etc. Ils travaillent comme des maniaques. Eh ! Quel est celui qui s'y porte avec le plus d'ardeur ? C'est le plus petit, tout fier d'être admis à faire des farces avec des plus grands que lui. Dans pareil cas, ces diablotins bravent les frimas et les fatigues, et les dangers pour travailler, car cette prétendue farce est un véritable travail. Elle ne produit aucun plaisir sensuel; loin de là, ils risquent des coups de toute espèce, soit de la part de ceux qui les prennent sur le fait, soit de la part des pédants à qui l'on va porter plainte. Mais l'attraction passionnelle les poussait, et quand elle suscite un groupe d'enfants, elle en fait des travailleurs beaucoup plus ardents que les hommes âgés, et leur ardeur est aussi grande pour édifier que pour détruire. On les voit souvent faire des efforts prodigieux pour élever une digue de cailloux en travers d'un ruisseau, et construire un petit moulin de bois à l'extrémité de la digue.   Mais qu'est-ce qui adviendra, par exemple, en Harmonie, des mères dites indignes, celles qui délaissent leurs lardons parce que leurs attractions passionnelles les disposent à d'autres voluptés ? C'est une prétention très mal fondée que celle des femmes qui se croient des modèles de vertus républicains, parce qu'elles ont le goût de soigner les petits enfants, femmes très intolérantes qui diffament et damnent celles qui, ayant des goûts très différents, abandonnent les marmots pour aller à des réunions de plaisir. Lesdites réunions étant très utiles en association harmonienne, où les sept-huitièmes deviennent parties de plaisir, une femme sera jugée aussi utile et aussi vertueuse en allant aux parties de plaisir qu'en s'occupant aux soins des petits enfants, service dont la durée sera assez limitée pour qu'une Bonne puisse vaquer à vingt autres plaisirs également utiles, et juge elle-même qu'elle n'est pas plus vertueuse au séristère des poupons qu'au colombier, à l'abeillerie, à la buanderie, à l'opéra.   Il s'avère donc toujours socialement utile en Harmonie de vaquer à ses plaisirs personnels. Mais ceux-ci sont-ils toujours si planants que ça ? Ainsi, les orgies harmoniennes sans freins dont vous vous êtes fait le chantre ne s'apparentent-elles pas, en fait, à nos partouzes bourgeoises ? Quelques civilisés, tout matériels, voudraient borner aux parties carrées leurs recherches et prétendent que cette mêlée leur suffit amplement. Faut-il prouver que la concupiscence, l'orgie amoureuse, la communauté des femmes et des hommes est le sentier de la morale naturelle ? Sans exception, dans le monde actuel, on tombe dans le despotisme en politique et dans la monotonie en plaisir. En Harmonie, les individus valent plus les uns pour les autres par leurs différences que par ce qu'ils possèdent en commun. Il n'y a donc pas de plus grande justice envers les autres que d'aller soi-même au bout de son désir et de réaliser ses particularités les plus secrètes. L'orgie renoue avec l'heureuse phase orale de l'humanité, elle donne accès à l'intégralité de la nature et à la cohésion des forces souterraines qui tiennent réellement toutes choses. Toute contrainte abolie, l'individu exerce librement le désir de s'allier à un autre désir par le plaisir de se délivrer de la distance à soi et au monde. Les orgies tendent à montrer la petitesse des amours civilisées. Elles font naître les affections généreuses et le dévouement collectif entre gens qui ne se connaissent même pas de vue et de renommée. Ce genre de bien élève les hommes à un état qu'on peut nommer perfection ultra-humaine. Il les transforme en demi-dieux qui échappent à leurs propres limites et à qui tous les prodiges de vertu et d'industrie deviennent possibles.   Quelles sortes de jeux sexuels préconisez-vous encore pour nous engager à échapper à nos propres limites ? Parmi bien d'autres mignardises, je recommande le coadjutariat qui consiste pour les hommes à s'entremettre à aider des plaisirs saphiques et pour les femmes à s'entremettre à aider des plaisirs pédérastes; les conciles gastrosophiques au cours desquels un aéropage délibère gravement sur des accomodages compliqués de mets après de grands criteriums de dégustation.   Nous parlions de jeux sexuels. La gastrosophie, votre théorie passionnelle du bien-manger, aurait-elle quelque chose à voir avec la luxure ? Oh, un coït modéré avant les repas favorise l'appétit et la digestion. Je recommande encore le maniérisme harmonien dont le postulat est de favoriser le développement extatique des manies lubriques de chacun...   Vous décrivez précisément un monde où aucune manie amoureuse ne restera insatisfaite. Est-ce là bien raisonnable ? On oublie que l'amour est le domaine de la déraison, et que plus une chose est déraisonnable, mieux elle s'allie avec l'amour. Sous ce rapport, les manies lui conviennent éminemment et, en Harmonie, où elles seront de haute utilité, on les provoquera méthodiquement parmi la jeunesse qui les dédaigne aujourd'hui parce qu'on les ridiculise, faute d'en avoir l'emploi. Autres jeux sexuels : ceux instigués par les comités de fées, à qui on attribue le droit périodique d'assigner en sympathie des sociétaires qui visiblement se conviennent pour les assortir galamment. Et les semi-bacchanales de prélude à des travaux collectifs colossaux de longue haleine.   Les semi-bacchanales de prélude à...!!!??? Oui. Au signal donné par la baguette de la fée, on se livre à une demi-bacchanale. Les deux troupes se précipitent dans les bras l'une de l'autre, la mêlée est générale et chacun reçoit et distribue confusément les caresses, et chacun parcourt les appas qui lui tombent sous la main et se livre aux franches impulsions de la simple nature. On voltige de l'un à l'autre, on baise les appas de tous les champions, acteurs, ou actrices, avec autant d'empressement que de célérité. On cherche à visiter, dans la mêlée, tous les personnages sur qui l'on a fixé l'attention précédemment. Cette courte bacchanale coopère utilement à la vérification du matériel et peut disposer déjà plusieurs sympathies. Mais les caresses de parcours ou de reconnaissance du terrain ne doivent durer que peu de minutes. Pour séparer la mêlée, il faut y jeter un dissolvant : puisque tout se fait attraction dans l'Harmonie, il faut entremettre aussi des attractions mixtes et lancer dans la foule deux groupes, l'un de saphiennes et l'autre de spartiates, en vue de distraire l'attention générale. Cependant, cette escarmouche confuse n'est pas du tout la boussole des unions qui doivent suivre. Il serait même de mauvais ton de se fixer son choix dès ce premier moment et avant les opérations de tentative sympathique. Ceux qui se sont convenus dans la mêlée pourront se retrouver et ne s'en aimeront que mieux, si leur sympathie calculée, qu'ils ne connaissent pas encore, vient confirmer les pressentiments de convenance que la salve a pu leur donner.   Et les « champions, acteurs ou actrices » que cette mêlée n'aura pas inspirés ? Oh, les attendent bien d'autres « jouissements » tout à fait inconcevables dans nos limbes sociales.   Pratiquement tous vos disciples et groupies, qu'ils soient vos contemporains ou les nôtres, rejettent une part importante de vos canevas, qu'il s'agisse de ceux que vous venez de survoler ou d'autres qui leur paraissent de même scandaleusement outranciers. J'ensevelirais cent fois ma théorie, plutôt que d'en retrancher une syllabe pour plaire à cette clique malfaisante, et au siècle assez imbécile pour se laisser diriger par elle après avoir si bien appris à la connaître.   Mais en ce siècle « imbécile », tout est-il réellement foutu ? Ou bien… Il n'est qu'un moyen de salut, c'est de reconnaître que nous sommes trahis par nos chefs, et qu'il faut nous sauver et nous gouverner nous-mêmes. Abandonnons cette bannière des lois humaines, et rallions-nous à l'attraction passionnelle. Nous ne souhaiterons jamais trop, jamais assez. Tout nous est dû, comme seuls le savent encore ceux qui osent être insatiables.

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