Ary Sylvestre
Publié le 11/11/2011

Soupçon clinique


ventscontraires.net est-il un faux ?

Un esprit  « vents contraires » comme fil conducteur du site, des chroniques variées baignées dans un terreau commun. A force de vous lire (et relire), je me demande au final s’il n’y a pas qu’un seul auteur derrière tout cela. Le directeur étant trop occupé, il aura dû déléguer cette besogne à un temps plein érudit, polyvalent, inventif et surtout souffrant du trouble de la personnalité multiple. Il reste à savoir lequel d’entre nous est le ou la vrai. En tout cas, ce n’est pas moi.
Au siècle dernier, lycée technique, bac technologique, BTS technologique.
Tout cela pour se découvrir une fibre littéraire.
Depuis peu reviens à cet amour des mots et crayonne, écrit, essaye...
A deux manuscrits jeunesse en gestation.
En somme rien de bien original. 

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À voir aussi

Le 22 décembre 2013 à 10:24

L'homme aux rubans verts

C'est ainsi que, en 1666, Molière appelle Alceste dans Le Misanthrope. Le vert était la couleur préférée de Moilère. Les inventaires après décès ont montré que là où il vivait avec Armande Béjart, la fille de Madeleine, la literie était verte, de même que les rideaux garnis de passementerie dorée et de soie verte. Tout y était vert et or. On peut donc supposer que la superstition liée au vert, dans un contexte théâtral, n'a pas une origine aussi lointaine que la tradition veut bien le dire. Même si, au Moyen-Âge, l'amateur qui interprétait le rôle du traitre Judas dans les Passions, portant un costume vert, était malmené à l'issue des représentations. En 1675, les affiches étaient vertes pour l'Hôtel de la rue Mazarine et le velours des théâtres était vert ou bleu au XVIIIe siècle. Ce n'est qu'au siècle suivant qu'un certain rouge fut privilégié, le rouge-théâtre. Il apparaît que c'est au XIXe siècle que la méfiance à l'égard du vert est née. Un comédien serait mort après avoir porté, à même la peau, un costume vert. Sous les effets conjugués de la transpiration et de l'oxyde de cuivre contenu dans la teinture verte, il serait mort par empoisonnement. En fait, le vert entre dans la symbolique théâtre. D'une part, le vert est la couleur du vampire, même si c'est un vert blême. De par le rythme même de leur profession, les comédiens sont des noctambules. Tels des vampires, ils sortent la nuit. Le matin, ils dorment ; l'après-midi, ils répètent ; le soir, ils jouent. Puis, ils s'en vont souper. D'autre part, le vert est la couleur de l'aléatoire. C'est une feutrine verte qui recouvre les tables de jeu. Et le théâtre, parce qu'il se donne en direct, n'échappe pas à ses aléas. On l'aura remarqué : les chirurgiens portent une blouse et une calotte vertes. Un vert qui tend, de plus en plus, vers le bleu, la chirurgie se percevant comme de moins en moins aléatoire. Le vert, prohibé sur une scène de théâtre, aurait donc des origines plus symboliques qu'événementielles. Quoi qu'il en soit, la méfiance demeure : le comédien Pierre Dux (1908-1990), qui fut l'administrateur de la Comédie-Française, ne supportait même pas un dossier vert dans son bureau. Lors d'une tournée, il serait allé jusqu'à faire repeindre les murs de la chambre d'hôtel qui lui avait été attribuée. Quand Le Misanthrope est donné, les rubans verts d'Alceste comme ceux des petits marquis sont rouges et jaunes. Quand Patrice Chéreau, en 1976, fait scandale avec sa mise en scène de La Tétralogie à Bayreuth, les sifflets sont, en partie, attribués au vert de la forêt du Siegfried, composée d'arbres prélevés dans la verdure de la Franconie. Est-ce par provocation et par superstition inversée que Bruno Coquatrix, le directeur de l'Olympia, n'hésitait pas à exhiber une veste verte ?

Le 24 mai 2014 à 10:06

Les années 80 : Papa Seaver, papa douceur

Des Ingalls aux Soprano : Quoi de neuf docteur ? #2

1981, un vagabond bodybuildé arrive dans une petite ville de montagne et demande à un shérif aux idées arrêtées « de pas le faire chier, sinon il va avoir une guerre comme il en a jamais vu !» et tient parole. Reagan et l'effacement 1985, Ronald Reagan est en poste depuis quatre ans. Son plus grand tour de force : avoir redoré l’appareil politique et la figure présidentielle (ce qu’aucun des prédécesseurs de Nixon n’a réussi à faire). Sa façon de faire ? Etre le plus effacé possible. En gros, Reagan, c’est simple : en politique intérieure, c’est le désengagement total : baisse d’impôts pour favoriser la libre entreprise, le dollar est de nouveau indexé sur l’or. Bref, on tente d’éponger les retombées du second choc pétrolier en encourageant tous azimuts l’ultralibéralisme. On rend aussi une plus grande autonomie aux politiques sociales des Etats (du coup, certains Etats sudistes reviendront à quelques petites traditions de derrière les fagots, sous forme de promesses électorales fort heureusement jamais tenues). Question politique extérieure, c’est simple : l’endettement américain va atteindre des records, presque uniquement pour des dépenses militaires.   1985 voit deux évènements encore. D’une part, notre vagabond bodybuildé qui purgeait un peu de taule pour avoir fait une « guerre qu’était pas la sienne », décide de repartir au Vietnam avec un arc, un couteau et un gros flingue. Mais aussi le 24 septembre 1985 débarque sur nos écrans la famille Seaver, dans l’emblématique sitcom : « Quoi de neuf docteur ? ». Desperate Houseman  En résumé, le docteur Jason Seaver (Papa Seaver pour nous), psychiatre new-yorkais rapatrie son cabinet dans sa maison de proche banlieue lorsque sa femme décide de reprendre sa carrière de journaliste et qu’il faut bien quelqu’un pour surveiller les mômes.   La famille Seaver compte donc cinq membres (un sixième arrivera sur la fin ; tentative un peu grossière de relancer le show qui durera, tout de même, 166 épisodes).   Papa Seaver : le psychiatre quelque peu desperate houseman (on y reviendra).  Maggie : que l’on aimerait appeler Maman Seaver, mais la vérité c’est qu’elle est surtout en train de relancer sa carrière et que bon, sa famille, oui, mais de loin…  Mike : l’aîné, intelligent et magouilleur qui passe sa vie à monter des embrouilles improbables et qui réussit généralement toutes ses entreprises (souvent on lui indique que moralement c’est douteux mais dans le fond c’est le résultat qui importe).  Carol : la fille, intello brillante et presque politisée (faut pas déconner non plus; ça serait une lointaine cousine de Lisa Simpson, à la rigueur).  Ben : le petit dernier, coureur de jupons, un peu con et qui se voudrait magouilleur comme son aîné, mais qui rate tous ses coups… (il souffrira un peu plus de ses magouilles puisque le but est rarement obtenu par ce biais ; on pardonne la méthode, pas l’échec quoi…). Papa Seaver n'est pas Papa Ingalls  Bon là encore la famille Seaver va se reposer sur Papa Seaver. Cependant, Papa Seaver ce n’est pas Papa Ingalls. Papa Seaver c’est un psy, il observe et écoute de loin, voit que chacun ne prend pas nécessairement le bon chemin mais se doit de laisser « vivre ». Attention, Papa Seaver n’est pas un impuissant, tout au contraire. Papa Seaver sait ce que chacun devrait faire pour que tout aille bien. Mais voila Papa Seaver préfère que chacun se forge sa propre expérience et en tire les conséquences (enfin, là, souvent, il doit quand même un peu expliquer, parce que hormis Carol l’intello, les deux autres s’en foutent assez des conséquences). Bref, Papa Seaver laisse chaque individualité s’exprimer, il n’est là que pour maintenir la cohérence du groupe.      La structure de la série est simple :   - Ben, Carol, Mike ou Maman Maggie (plus rarement quand même) vont chacun être confrontés à un problème dans l’épisode (quelques thèmes graves seront abordés mais, dans l’ensemble, ça reste léger).   - Papa Seaver observe de loin sa marmaille faire son chemin, voit qu’ils/elles vont se planter.   - Ils/elles se plantent et Papa Seaver fait un hug et on passe à l’épisode suivant…   Les problèmes de la famille Seaver sont toujours internes. C’est bien simple,  le monde extérieur n’existe pas ! Et lorsque de temps en temps l’extérieur réussit péniblement à faire une percée, c’est sous l’identité de Luke Brower (interprété par un jeune Leonardo Dicaprio encore loin du loup). Luke est un enfant des rues, élevé par de violents alcooliques. Diantre, voila un challenge pour un psychiatre ! Solution : l’assimilation. Oui, pour soigner le p’tit Luke, un peu tout fracassé, les Seaver l’adoptent. On est d’ailleurs en 1988, date à laquelle quelque part dans un monastère thaïlandais, notre vagabond qui s’est mis au zen, décide de partir en Afghanistan dézinguer du russe qui emmerde de pauvres montagnards. C’est toujours pas sa guerre mais il est généreux le vagabond.      Un puits de sagesse auquel personne ne vient s'abreuver Pour les Seaver, c’est simple : la famille n’est pas le problème mais la solution. Papa Seaver donc père progressiste et non interventionniste accepte de huguer tout  le monde, il suffit de faire partie de la famille et tout le monde peut être de la famille si il en émet le désir.   Notons d’ailleurs que le hug garde sa fonction d’unir le groupe ici encore, sauf qu’il n’est pas une sorte de rituel mystique, simplement la façon dont Papa Seaver signifie à l’autre « tu t’es planté, t’as besoin de moi et je suis là ».   Bref, Papa Seaver, reste encore le ciment de la structure familiale, il est encore le puits de sagesse qu’était Papa Ingalls. Seulement plus personne ne veut venir s’y abreuver et ça, Papa Seaver l’a bien compris et ne compte forcer personne. Il est une sentinelle inébranlable et pétrie de bons sentiments et d’indulgence.     Et puis là, débutent les années 90 : Clinton est élu président, notre vagabond bodybuildé disparait soudainement (une légère déprime sans doute liée à ce nouveau président). Papa Seaver s’accroche, il a une nouvelle petite fille, mais bon c’est les années 90 : Kurt Cobain se fait exploser, le monde découvre que Bill aime à savourer son havane à sa façon. Les premières grandes vagues « complotistes » émergent (la guerre dans les Balkans c’est pour nous faire oublier l’histoire du cigare assureront certains).   Bref, Papa Seaver est totalement dépassé et disparait. Remplacé quatre ans plus tard par Papa Soprano. (A suivre) > Première partie : Les années 70, Papa Ingalls et le Hug

Le 21 mai 2014 à 15:36

Comment ça va, "Famille" ?

Je m'appelle « Famille », presque comme Camille ; et j'aime bien rimer avec Brindille (moins avec Faucille). Je suis un nom commun féminin, assez fier (ou fière) de désigner un groupe d'humains primordial, à la base de toute société. Je suis venue d'Italie, mon ancêtre romain s'appelait familia, c'était la fille d'un certain famulus, qui était un esclave de maison, souvent un captif, une prise de guerre. La belle Andromaque, dans l'Enéide, devenue esclave de guerre, se dit être famula. Les famuli, garçons et filles, formaient une familia, sous l'autorité d'un maître – il avait le culot de se dire paterfamilias – et vivant sous son toit. Les Romains, d'ailleurs, opposaient la familia à la gens, l'ensemble des personnes issues d'un même ancêtre. Adieu paterfamilias Je n'étais pas très contente d'avoir cette fonction économique, patriarcale, esclavagiste, et, pour tout dire, socialement ringarde. Aussi, après la révolte de ma mère familia, moi, la française famille, j'ai préféré laisser à ma copine mesnie le soin de désigner ce groupe de personnes au service d'un tyran domestique, et devenir l’emblème d'une réunion toute biologique, celle des personnes issues d'un même ancêtre. Adieu ce vieux paterfamilias, plutôt entrepreneur (paternaliste, évidemment) que grand-papa ; Je devenais la détentrice d'une affaire génétique, ce qui était nettement plus moderne et plus valorisant. Mon rôle devenait particulièrement important en français d'Afrique, où la « famille », la grande famille, comprend aussi les oncles, tantes, cousins-cousines, des alliés, et même des tas de gens unis par des liens traditionnels. Mais, comme pour me rabattre mon caquet, ce qu'on appelle par mon nom, en Europe ou en Amérique, s'est réduit à un tout petit groupe formé par « papa-maman-bébé », au mieux avec plusieurs mômes. Quand je pense qu'on a dit famille nombreuse pour seulement deux adultes et trois bambinos ! Enfin, il faut suivre son temps, quand on est mot. Exeunt donc les nombreux grands et arrière-grands, les tatas, les tontons, les pépés, les mémés, la mode de Bretagne pour le cousinage, et tutti, et quanti... Et dans certaines familles, on disait bizarrement que les enfants étaient ceux « d'un lit », qualifié de « premier » ou de « second ». un mot ridicule, parentèle, un autre prétentieux, fratrie, ont prétendu me concurrencer sans grand succès. Finie cette histoire d'homme-femme-enfants Cela dit, réduite au groupe minimal mais plutôt affectueux, moi, le nom féminin famille, j'allais me résigner, lorsque tout a été bouleversé.On est venu me dire : « finie cette histoire d'homme-femme-enfants ; ce que tu désignes, maintenant, c'est un ou deux adultes, sans distinction de sexe, et des enfants ». Mon pote, le mot parent, mon cousin, le mot mariage ont changé d'allure ; les dicos n'en pouvaient plus de modifier leur feuille de route, et à ce propos, on m'a proposé des PACS avec de drôles d'adjectifs, monoparental, au féminin, quand même (grâce à Grammaire, famille reste une fille : question de genre) ou encore recomposée, avec parents homos, ou divorcés, remariés, esseulés, et des enfants. On parle même de familles décomposées, ce que je trouve insultant, alors qu'en tant que nom, je ne suis ni dérivé, ni composé, encore moins décomposé (je suis obligé d'employer le masculin, parce que je suis un nom, un mot ; il va falloir réformer ça). Cependant, je me disais que mon champ d'action d'était comme ça bien étendu. Il n'en reste pas moins que les groupes qui portent mon nom tendent à se réduire : une mère et son petit, ça se permet maintenant de s'appeler « famille ». Et mon gamin, l'adjectif familial, se plaint que les gamins quittent de plus en plus tôt ce qu'on appelle son giron. Parfois même, lorsqu'on dit que quelqu'un est venu avec sa petite famille, je ne sais plus de combien d'enfants je suis le nom. Vexant, non ? Est-ce que j'ai une gueule de foyer clos ! Heureusement qu'on a compris que cette bougresse d'Etymologie, qui se prétend grecque, ne possède plus le « sens vrai » (etumos logos). Sinon, ceux et celles que je suis chargée de désigner seraient encore des esclaves. Il est vrai que parfois... En tout cas, je refuse de donner raison à André Gide, avec son fameux « Familles, je vous hais, foyer clos, etc. » Est-ce que j'ai une gueule de foyer clos ! Un peu de respect pour les mots, surtout quand ils sont beaux et nobles, comme moi, dame FAMILLE, inventrice d'un jeu épatant : « dans la famille Machin, je choisis la grand-mère ». Et quand on dit qu'on s'est tapé un petit gueuleton « des familles », je suis réconfortée. Donc, dans l'ensemble, ça peut aller.

Le 10 août 2015 à 09:35

Des Male Tears

- He bébé, tu te rends pas compte, mais la place des hommes dans la société c’est quand même super difficile. - Yo mon frère, on va causer un peu.   Une terminologie qualifie ces plaintes et récriminations, terminologie inventée par les féministes anglo-saxonnes : « les male tears » (alors, même moi qui suis une quiche en anglais j’ai saisi le truc, je te fais donc grâce de la traduction). Quand un représentant du sexe masculin (je précise : un homme blanc cisgenre hétérosexuel de 30 à 60 ans, grosso modo) commence à dire qu’il souffre de la moindre place qui lui est accordée en tant qu’homme et que sa position est difficile, tu peux le regarder bien gentiment (n’agresse pas, même quand tu en as par-dessus la tête, ça sert à rien, sauf à t’épuiser) et lui asséner : « Male tears, mec » Parce que l’homme blanc cisgenre hétérosexuel de 30 à 60 ans est – même s’il ne l’a pas choisi – tout en haut de l’échelle de domination de notre société. Nombreux en sont conscients, mais beaucoup sont encore dans le déni ou trouvent cela insupportable, cette vérité, parce que cela les empêche d’être dans la plainte. Il y a 3 grandes catégories de plaintes. - injonction à la virilité : un homme doit se comporter…. « en homme ». On ne pleure pas, on est un battant, on a de l’ambition, on est courageux et fort, etc. - les difficultés professionnelles, dans un pays où l’hyper compétitivité ainsi qu’un certain immobilisme laissent énormément de gens sur le carreau de l’emploi, - les plaintes de l’ordre de la séduction ou de la sexualité, parce que « aujourd’hui ça devient très compliqué de séduire les femmes, elles sont trop exigeantes », la solitude, les frustrations sexuelles, etc.   Je vais être extrêmement claire : je n’ai jamais dit qu’être un homme c’est facile. Et je n’ai jamais nié ces difficultés. En revanche, ce qui est mis en balance, c’est qu’être une femme est encore plus difficile.   - L’injonction à la féminité. HUHUHUHUHUHUHUHUHU.Hem, pardon. C’est nerveux. - Les difficultés professionnelles. Dans un pays où le travail à temps partiel est celui des femmes, où le chômage des femmes est nettement supérieur à celui des hommes, où les salaires ont un écart de 15 à 20% à postes égaux, et où les hautes fonctions sont investies par les hommes à plus de 80%, je ne vais pas me lancer dans un cours : j’ose espérer que je n’aurai pas à subir de malhonnêteté intellectuelle de qui que ce soit. Parce que je ne crierai pas (voir plus haut), mais ça va me faire énormément fulminer. « Oui mais attends Marie, t’es bien gentille, mais comprends le souci : qui va garder les gosses ?! »… Parce que voilà, il y a ÇA aussi.   - La séduction et la sexualité. « Tu sais, si tu cherches un mec, dans une soirée, ou sur internet (ou n’importe où), toi en tant que femme tu auras bien plus de chances que moi (homme blanc, etc.) de pouvoir vivre une relation SEXUELLE ». Ok. Peut-être bien. Et encore ça reste à prouver, mais j’accepte le postulat (et après on dira que je ne fais pas d’effort…). Et alors ? Parce que clairement, je n’ai strictement rien contre le fait que l’on puisse chercher des partenaires de sexe pour et uniquement dans cette optique, mais encore faut-il que cela soit a minima de qualité…. Or dire : « Mets des photos de toi à poil sur le net et tu vas pécho grave », je vais être extrêmement claire sur le fait que cela intéresse finalement assez peu de femmes et souvent si tel est le cas, dans des contextes ou périodes spécifiques de leur vie (je répète « chacun fait ce qu’il lui plaît », je ne porterai jamais un quelconque jugement de valeur sur la sexualité de qui que ce soit, je m’en fous pour tout dire, je ne fais que rapporter des faits généraux). Mais pour trouver une relation – même si elle n’est basée que sur l’attrait sexuel – un tant soit peu intéressante (quel que soit le point de vue d’où l’on se place) les choses ne semblent pas plus simples pour les femmes que pour les hommes. Et je ne parle même pas des critères liés au physique, à l’âge, à la situation socio-professionnelle, etc. Nous aurions besoin d’un tableau excel. J’ai pas envie. Donc ok, je veux bien admettre que c’est plus simple de se faire choper à l’arrière d’une voiture pour une femme que pour un homme, si le désir nous en prend, mais comme ce n’est pas dans la très grande majorité ce qui est recherché par ces mêmes femmes, je ne peux le valider comme argument du « c’est plus simple pour vous ». Ah oui, une dernière chose sur ce point : arrêtez définitivement de nous parler de vos « pulsions ». Franchement, passé 14 ans, ce n’est plus entendable.   Ma vie est assez facile. Je suis une femme blanche de 40 ans, qui correspond à des critères sociétaux valorisés sur plein de points, j’ai un contexte familial d’ascendance et de descendance protecteur. Je suis assez haut dans l’échelle de domination sociétale (et dans ce cadre il me semble que le féminisme intersectionnel est une urgence absolue et je suis extrêmement admirative de celles qui s’y collent parce que ce chemin est bien plus ardu que le mien). Or je fais attention à ne pas faire de MGBV Tears face à des personnes bien plus dominées que je le suis ; et si cela se produit malgré-moi (puisque personne n’est exempt d’égocentrisme et de Caliméro style), d’écouter ce que l’on me dit. Pour y réfléchir. Tout simplement.   Alors Messieurs, s’il vous plaît, arrêtez de plaindre votre petit nombril en permanence, il se porte plutôt bien, et entendez un peu ce qui vous est dit. Ce sera déjà un énorme pas vers notre égalité.   Dessin : James

Le 21 octobre 2014 à 08:16

Jocrisse qui mène les poules pisser

En cette rentrée chaotique, ne serions-nous pas à court d'injures ? Les insultes sont comme les hors-d'oeuvre : elles s'apprécient variées... « Pauvre con », « connard », « cornichon », c'est du déjà vu. « Il a l'air d'un jocrisse complet ! » cela nous tenterait-il ? Depuis le XVIIe siècle, le mot a pris un sens injurieux parce qu'il renvoie au niais, valet de comédie ou garçon de ferme stupide. La tradition en a fait le spécialiste des tâches inutiles, comme d'aller chercher la clé du champ de tir. Le roi lui-même a dansé dans Le Ballet des Fées des forêts de Saint-Germain, le 11 février 1625 où l'auteur a osé lui dire ces vers : « Partout on m'appelle JocrisseQui mène les poules pisserCe surnom rempli d'injustice.Que chacune de vous dessus moi se repose :Je lui ferai faire autre chose » Dans Les Femmes savantes (1672), Molière faire dire à Martine, la soubrette : « Si j'avais un mari, je le dis,Je voudrais qu'il se fît le maître du logis ;Je ne l'aimerais point, s'il faisait le jocrisse » Plus tard, Dorvigny (1742-1812) en fait un personnage ridicule avec Le Désespoir de Jocrisse (1793), pièce représentée au théâtre des Variétés Amusantes. Le comédien Jean-Joseph Mira, dit Brunet (1766-1851) en était le mémorable interprète. Avec sa culotte courte, ses bas chinés, sa veste rouge et sa perruque à queue, Jocrisse est le héros de vingt-deux comédies-vaudevilles, parmi lesquelles Jocrisse congédié et Jocrisse au bal de l'Opéra. Mais le personnage viendrait de plus loin... des Romains. On attribuait à un berger la fonction de traire les poules.

Le 30 novembre 2011 à 12:13

« Depuis 2002, chaque année la délinquance a recruté dans ce pays. »

Claude Guéant, Assemblée nationale, mardi 29 novembre 2011.

Ce serait d’ailleurs un des seuls points positifs pour l’emploi en France. Nul besoin de passer par le Pole Emploi, toute demande pressante exercée auprès d’un guichetier de banque suffit pour entrer dans la carrière. Une formation spécialisée, suivie en prison, peut permettre le cas échéant au "junior"  d’accéder au niveau "senior", ouvrant de fructueuses perspectives dans le secteur du convoyage de fonds. Une autre filière pour les jeunes sans qualification est envisageable à partir d’un stage dans le négoce des hallucinogènes, avant d’accéder à des postes plus intéressants dans la pharmacopée des rave parties ou  la diffusion de poudre en boites de nuit. La connaissance de langues étrangères reste un avantage comparatif au moment de l’embauche. L’espagnol est requis dans le transport intercontinental de colis. Enfin pour les demandeurs d’emploi habiles de leurs mains, des emplois à haute technicité politique sont accessibles en période électorale où une provocation à l’émeute est convenablement rémunérée par tout candidat faisant de la peur du désordre son propre fonds de commerce. Atttention, seuls des CDD sont à espérer dans cette activité qui offre néanmmoins quelques ouvertures en cours de mandat, lors d’éventuels troubles sociaux. Hélas, le code pénal freine une croissance riche en emplois. Des allègement ou suppressions de dispositions inutilement tatillonnes, seraient un encouragement à la baisse du chômage.     

Le 13 mai 2012 à 09:57

Entre ici, Michel Drucker

Figure emblématique des dimanches tristes à mourir, vétéran de la petite reine, sa passion éternelle, Michel Drucker s’est éteint ce matin des suites d’une chute, chute terrible à l’arrière du peloton.   « Putain de vélo, putain c’est trop con, je venais de refaire la peinture !», s’est exclamé l’automobiliste qui ce matin t’a renversé.   Michel, toute la famille de la télévision, ainsi que mes voisins de palier, portent aujourd’hui le deuil et ne cessent d’exprimer leur chagrin et leur immense tristesse. Qui, à présent, laissera chanter Michel Sardou sur un plateau de télévision ?   Tes débuts dans les années soixante à l’ORTF comme commentateur sportif furent remarqués par ta voix gutturale et ton accent calvadosien. Puis, las de commenter des matchs perdus à l’autre bout du monde, tu plaques le foot et ses écervelés pour un milieu plus intellect, celui de la variété française.   Tu honoreras la France toute entière en lançant sur ton plateau de futures vedettes : Michel Berger, Michel Boujenah, Michel Delpech, Michel Fugain, Michel Jonasz, Michel Leeb, Michel Polnareff, Michel Sardou, souvent, voire trop et, entorse à la règle, un certain Eddy Mitchell.   Ton nom restera à jamais célèbre puisqu’on lui doit le théorème du même nom : le théorème de Drucker. Théorème encore usité par la jeune génération de présentateurs télé, selon lequel tout nouveau roman ou nouveau film dépasse tout ce qu’on avait pu lire ou voir jusqu’à présent.   Que feront de leurs dimanches après-midi ces millions de téléspectateurs désœuvrés, une fois passé le temps des rétrospectives télévisées pour combler le vide de ta disparition et les grilles de programmes ? Que feront-ils Michel ? Coup dur également pour les maisons de retraite ou ta perte s’annonce aussi difficile à gérer qu’une canicule en plein été.   L’incarnation même du professionnalisme, voilà ce que tu étais Michel. Tout comme ton brushing, jamais un mot de travers à l’antenne. Toujours habillé impec, mis à part peut être ta période pulls Jacquart et col à tarte, ton sourire et ta délicatesse faisaient de toi l’un des présentateurs les plus appréciés. Fallait-il avoir un vélo dans la tête, Michel, pour devenir pilote d’hélicoptère ? Tu as fait fausse route ce matin comme moi en rêvant cette nuit que tu n’étais plus là.

Le 26 novembre 2014 à 10:19
Le 26 février 2012 à 08:32

Tics et tocs

Nombre de nos concitoyens, voire de nos compatriotes se trouvent affligés de tics. Ce constat effectué, il convient de classifier ces petits désagréments. Nous les rangerons dans deux catégories distinctes : les tics polis ou polis tics et les tics pas polis autrement désignés sous la locution de malpolis tics.Nous traiterons ici de polis tics.Le clin d'œil. Cligner de l'œil ne représente pas un gros handicap, à part pour les borgnes. Il consiste à faire du pied avec son œil, c'est-à-dire inviter un interlocuteur à adhérer à son opinion, ou lui indiquer que l'on n'est pas aussi éloigné de lui que semblent l'affirmer les apparences. Le clin d'œil à l'adresse d'un borgne a un effet aléatoire, selon que le destinataire est susceptible de l'interpréter comme une moquerie.Le haussement d'épaules. Hausser les épaules consiste à faire dire à son corps la sottise émise par un contradicteur, ou le manque d'intérêt que suscite une question de journaliste. Il peut se verbaliser par une locution du genre « pauv' con ».Le jeter de menton. Projeter le menton en avant consiste à affirmer une position ou lancer un défi. Certains remplacent le menton par une épaule.Le raclement de gorge. Bien que peu harmonieux au micro, le raclement de gorge constitue un tic subtil. Car comme le rasoir à deux lames, il a une double utilité. Il indique en premier lieu le malaise que le locuteur ressent lors d'une prise de position contre nature, mais insiste sur son courage à l'avoir exprimée. Dans le domaine sexuel, on pourrait le comparer à la prime décomplexion du puceau.La logorrhée.Souvent assimilée à une diarrhée verbale, la logorrhée consiste à dire souvent, très fort et à n'importe quelle occasion n'importe quoi, et particulièrement des imbécillités. Elle a pour effet de marquer en amplifiant sa nature la différence entre les imbéciles de chaque camp. Elle provoque l'indignation en chaîne. Celle ou celui qui profère une énormité s'offusquera de l'indignation outrancière de celui ou celle qui, naturellement offensé, outragé, choqué aura réagi à la sortie originellement émise. On constatera par là que la logorrhée est auto-productive. Certains spécialistes rangent une certaine forme logorrhée, proche du syndrome de la Tourette, parmi les polis tocs plutôt que parmi les malpolis tics.Le lâcher de culotte, autrement appelé le baisser de pantalon. Hormis quelques cas, le baisser de pantalon ne heurte pas la morale, du moins celle que l'on accole au comportement sexuel. Il consiste à renier sa pensée profonde, se trahir et trahir ses proches, mais toujours dans la dignité en invoquant le changement des circonstances.

Le 11 mai 2010 à 16:08

« Après, fin 2011, on ne fera que de la politique »

Nicolas Sarkozy, devant les députés UMP à l'Elysée, 5 mai 2010.

C’est curieux, chez le président, ce besoin de faire une phrase de ce genre. Cafardée par des élus à la sortie d’une réunion, elle mérite un détour dans le guide des déconnages du quinquennat, quand le chef de l’Etat croit les micros fermés et l’auditoire connivent. Nous voilà avisés que les « réformes » qu’il compte avoir achevées d’ici le second semestre de l’année prochaine, n’auront été qu’une parenthèse désenchantée. Limite train-train. Mais ce faisant il nous interloque. Qu’a-t-il fait de ses années exécutives, ce Nicolas Sarkozy que l’on croyait animalement politique ? Le bouclier fiscal, ce n’était donc pas de la politique ? De l’humanitaire peut-être ? Le mammouth du public dégraissé, de l’hygiénisme ? Les annonces sécuritaires à répétition, un TOC ? Le débat sur l’identité nationale, un grand café philo ? Pendant tout ce temps il aura donc été au supplice le fils de Pal, avant d’en arriver à ce qui prime pour lui : « faire de la politique », autrement dit le retour au bourre-pifs, ceux de l’opposition s’entend. Du bling-bling, au bing-bing.   Hélas, la prochaine présidentielle ne doit avoir lieu que les 22 avril et 6 mai 2012 ; il va bien lui falloir, jusque-là, poursuivre le boulot de président « pas politique ». Une suggestion qui arrangerait tout le monde : il démissionne en septembre 2011, et la boîte à gifles est ouverte sans attendre. Rien que du bonheur.  

Le 11 février 2011 à 12:59

Saint-Valentin

Ce billet s’adresse à tous les célibataires dézingués, partenaires d’un couple en péril, vieilles filles et vieux garçons au bord de la crise de nerf, onanistes en peine, à tous les amoureux éconduits frôlant l’infarctus et que sais-je, bref tous ces désœuvrés délaissés par un Cupidon malhabile. Lundi comme chacun sait, on ne cesse de nous le rabâcher à en devenir sourd, il nous faut rendre hommage à l’élu(e) de notre cœur, femme à bijoux, homme à cravates, il y a de quoi faire tant les magasins regorgent en ce moment de niaiseries les plus inutiles rendant hommage à l’Amour. Le bonheur est à la mode, c’est à se rendre coupables, nous les grincheux, les neurasthéniques et autres désespérés auxquels on reproche la paresse d’un sourire.Arrachez de suite la page de vos agendas ! Il vous paraitra ainsi curieux et risible d’observer les couples mal assortis, les disputes au supermarché, les roucoulades mielleuses et autres badinages superflus. Sabotez votre habituelle soirée anti Saint-Valentin programmant des films de série B à l’eau de rose, tombez le pyjama ou le jogging, ne vous accablez pas plus sur votre sort et laissez de côté vos recherches infructueuses sur des sites de rencontres tous plus sordides les uns que les autres, délaissez les ennuyeuses soirées entre célibataires qui finissent avec le temps par ressembler à des réunions d’alcooliques anonymes, ce soir ne sortez pas le chien, ne mangez pas votre apétissant plat cuisiné à réchauffer au micro-ondes, bougez vos petits popotins, entrez dans le bar PMU du coin, commandez une bière et jouez au loto ! Car après tout, tout le monde le sait, les clichés sont inusables, et il n’est pas parfois pas inutile pour se donner du baume au cœur de se rappeler ce dicton certes peu crédible : « Heureux au jeu, malheureux en amour ! ». Si vous n’y croyez pas, laissez-vous le droit au moins de rire jaune, observez donc autour de vous le petit théâtre des clichés de la vie quotidienne, car je ne vois que l’ironie pour faire la peau à ce maudit Saint Valentin ! Rira bien qui rira le dernier, un verre de trop, et peut-être vous réveillerez-vous le lendemain avec une belle surprise à côté de vous, ou pas…

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