Charb : "J'en ai marre qu'on s'inquiète de voir les musulmans modérés ne pas réagir"


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Charb : "On s'inquiète de voir les musulmans modérés ne pas réagir. Il n'y a pas de musulmans modérés en France, il n'y a pas de musulmans du tout, il y a des gens qui sont de culture musulmane, qui respectent le ramadan comme moi je peux faire Noël et bouffer de la dinde chez mes parents, mais ils n'ont pas à s'engager plus que ça contre l'Islam radical en tant que musulmans modérés, puisqu'ils ne sont pas musulmans modérés, ils sont citoyens. Et en tant que citoyens oui ils agissent, ils achètent Charlie Hebdo, ils manifestent à nos côtés, ils votent contre des gros cons de droite. Ce qui me fait chier c'est qu'on les interpelle toujours en tant que musulmans modérés, il n'y en a pas de musulmans modérés. C'est comme si on me disait à moi :« Réagis en tant que catholique modéré. » Je ne suis pas catholique modéré, même si je suis baptisé. Je ne suis pas catholique du tout."

Nous avions publié cette vidéo le 11 décembre 2011, alors que le Théâtre du Rond-Point était assiégé par les intégristes catholiques qui voulaient interrompre les représentations du spectacle Golgota Picnic de Rodrigo Garcia. Charlie Hebdo nous avait soutenu sans faille. La rencontre avec Charb a eu lieu dans les nouveaux locaux où le journal s'était réfugié après la destruction de ses bureaux par un cocktail molotov.

Charb: "I'm frustrated by the growing concern regarding moderate muslims' lack of engagement"
Charb: "People are worried by moderate muslims’ lack of political engagement. There are no moderate Muslims in France, there are no Muslims at all. There are people of Muslim heritage, who respect the Ramadan as much as I respect Christmas when I gobble down my turkey at my parents’ place. But it no way does this oblige them to be more involved against Radical Islam, since they are not moderate Muslims, they are citizens. And as citizens, they do react, as they buy Charlie Hebdo, as they demonstrate with us and vote against these right wing assholes. What pisses me off is that they’re always called out as moderate Muslims. There are no moderate Muslims. It’s as if someone were to demand from me that I «React, speaking as a moderate Catholic.» I’m not a moderate Catholic, although I am baptized. I’m not a Catholic at all."
 
We uploaded this video on 11 December 2011 when Catholic fundamentalist were demonstrating and attempting to disrupt the performances of Rodrigo Garcia’s «Golgota Picnic». Charlie Hebdo defended us relentlessly. The meeting with Charb took place in the new headquarters they moved in following the destruction of their precedent address by a Molotov cocktail.


"Un pays heureux n'a pas besoin d'humour." Staline

Soyez les cancres du sérieux, faites voler en éclats de rire le bon goût et sa bonne conscience, en écoutant les cours, performances et autres conférences de progesseurs agrégés d'insolence et de cocasserie.

Avec France Culture et Tilder.

 

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Le 27 avril 2010 à 10:58

Pas de retraite pour Mohammed

Les Arabes, on les faisait naître le 1er janvier ou le 31 décembre

L'ascenseur est en panne. Le vide-ordures bouché. Le centre social rasé. Les voitures parfois brûlées. La police sur les dents. Les rats et les cafards s'éclatent plus que les mômes sans toboggan. Tout est tragiquement normal dans cette cité. Et puis voilà qu'Ahmed 22 ans raconte son père Mohammed, il l'accompagne régulièrement à la sécurité sociale, car Mohammed ne parle pas bien le français, même s'il a travaillé en France pendant près de trente ans. Il est à la retraite, il est malade. Mais il ne touche pas de pension. C'est que la sécurité sociale s'y perd. Elle a donné le même numéro à une dizaine d'hommes comme lui. Ils s'appellent tous pareil, ils sont tous nés en 1945 au Maroc, pas le même jour certes, mais on ne se compliquait pas la tache au temps des colonies. Les Arabes, on les faisait naître le 1er janvier ou le 31 décembre. Résultat, un demi siècle plus tard, pas de retraite pour un vieil homme. Comment savoir combien d'années il a travaillé ? demande peut-être l'employé de la sécurité sociale. Mohammed doit regarder son fils sans comprendre la question. Le fils doit tendre des papiers, de vieux contrats que les employeurs de son père envoyaient par-delà la Méditerrannée quand il rentrait chez lui la saison terminée. C'est eux qui l'appelaient, il fallait des bras pour cueillir les fruits. Un jour il est resté. Regardez ses mains, pourrait dire Ahmed. Mais les neuf autres ont sûrement les mains aussi abîmées. Regardez son dos, pourrait-il dire aussi. Mais les neuf autres ont sûrement le dos aussi fourbu que lui. Alors peut-être qu'Ahmed s'énerve. C'est fou ce que les fils sont plus nerveux que leurs pères. C'est ce qui se dit beaucoup dans les rues de Cavaillon, c'est là qu'Ahmed habite avec ses parents, et c'est là aussi que le Front national a fait son plus beau score aux dernières élections. 34,29% au premier tour.

Le 13 décembre 2011 à 16:32

Sus à la liberté d'expression et au rire moqueur

Texte publié dans l'édition de Charlie Hebdo du 7 décembre 2011

Mi-Tintin au Congo, mi Godefroy de Bouillon, le souriant Alain Escada, leader belge du mouvement Civitas, champion de la pensée immaculée et du Christ roi du Monde s'apprête, tout bardé d'une armée d'extrême droite déguisée en curés, à lancer sa grande croisade contre le Théâtre du Rond-Point pour délivrer Jésus du tombeau de blasphèmes où le tient prisonnier Rodrigo García et sa pièce "Golgota picnic". Les trompettes de l'intégrisme sonnent, les étendards templiers sont brandis, le renouveau français piaffe sus à la liberté d'expression et au rire moqueur, "corde par laquelle le démon entraîne le plus d'âmes en enfer", comme le rappelait dans chacun de ses prêches le très subtil Saint Curé d'Ars. Mais de qui se moque-t-on, sinon des artistes ! De ces artistes qui depuis des siècles montrent Jésus beau, douloureux, émouvant, révolté, sensuel, drôle, grotesque ou fascinant. Sans le peintre assassin Caravage, sans le sculpteur homosexuel de génie Michel-Ange, sans Molière le banni, sans Renan, sans Rouault, sans Buñuel, sans tant d'autres qui ont tous fait de Jésus mieux qu'un Dieu, un chef d'œuvre, aurait-il été tant aimé ? Sans artistes, quelle foi ? Les catholiques devraient aujourd'hui mettre un cierge devant les effigies de Romeo Castellucci et Rodrigo García qui montrent grâce à leurs œuvres combien dans un soi-disant monde sans Christ il est présent et s'impose en provoquant le débat, délivrant ainsi Jésus de la tombe obscure dans laquelle les fondamentalistes le tiennent étouffé. Qu'aurait-il pensé ce jeune homme révolté de ces intégristes calcifiés dans leur foi hystérique qui le réduisent à un chef de secte ? Sans doute aurait-il fini par rigoler en regardant ces clowns sinistres.

Le 10 novembre 2011 à 12:36

« Dis-moi si Dieu mange, et s'il a un boyau rectum ? »

Voltaire (dictionnaire philosophique, article déjection)

D’approximations en incompréhension, intégristes mais aussi catholiques plus ou moins traditionalistes et désinformés conduisent depuis une dizaine de jours une campagne désastreuse contre la création artistique dont les conséquences dépassent les calculs de quelques apprentis sorciers mitrés. Des spectateurs accueillis sous les insultes, plusieurs centaines de manifestants hurlant au blasphème, quelques arrestations, des adolescents en larmes place du Châtelet qui égrènent leur chapelet pour obtenir l’exorcisme d’un artiste et d’un spectacle sataniques, c’est le bilan de dix jours d’agitation aussi saugrenue qu’anachronique. Tout cela prêterait à rire si le pathétique de la situation ne fondait d’authentiques motifs d’inquiétude. Celle de voir à Paris des représentations théâtrales assurées librement à la condition d’être protégées par la police,  des artistes diffamés, un spectacle chaque soir compromis, entravé, dénaturé par les conditions honteuses de sa représentation.    De l’œuvre d’Andres Serrano, Piss Christ, partiellement détruite en avril dernier à Avignon lors de son exposition à la Galerie Yvon Lambert, au boycott, organisé comme une opération commando, du spectacle de Romeo Castellucci, Sur le concept du visage du fils de Dieu, au Théâtre de la Ville, la hargne militante de catholiques intégristes cherche à imposer une forme d’épuration à la création artistique, et lui conteste le droit de s’emparer de l’héritage religieux collectif. Intimidation et censure, le projet n’est pas nouveau, la méthode éprouvée, les responsables bien repérés. Beaucoup plus inquiétant est le phénomène qu’on observe depuis quelques mois et qui touche un catholicisme réputé modéré et ouvert, peu enclin pourtant à la bigoterie et respectueux des limites qui doivent être celles du religieux dans la cité. Sous l’action concertée d’un nombre d’évêques et d’archevêques significatif, fulminant des déclarations incendiaires sur des œuvres dont ils ne connaissent que partiellement le titre et rarement le fond, c’est à une bronca bientôt généralisée contre les artistes et les théâtres que nous assistons.   Dépassant le cercle des militants d’extrême droite qui font le gros des troupes de l’intégrisme, voilà que l’Eglise catholique elle-même éructe contre Gólgota Picnic, le prochain spectacle de Rodrigo Garcia. Qualifiant l’œuvre d’ « hystérie culturelle » et de spectacle « indigne de la démocratie », des ecclésiastiques voudraient la voir interdite pour satisfaire des catholiques blessés et souffrant dans leur chair une nouvelle mort du Christ. Les théâtres qui la présentent, le Rond-Point à Paris comme le Théâtre Garonne à Toulouse, s’ils étaient privés de subventions et sanctionnés par l’Etat et La Ville, illustreraient alors, selon l’église, par leur honte bue, le sens des responsabilités des élus nationaux et locaux qui les auraient cloués au pilori des blasphémateurs. Un brûlot officiel publié sur le site Internet de la Conférence des évêques de France laisse pantois par sa brutalité et son caractère liberticide. Pour ceux qui se souviennent qu’il est écrit dans l’évangile « tu seras jugé à la mesure dont tu auras toi-même jugé », ils ont fort à redouter un passage à tabac des fanatiques le jour venu. Avant de trembler pour le salut des prélats d’Inquisition, c’est l’intégrité artistique et physique de tous, artistes, techniciens, acteurs culturels participant à la liberté de création qui inquiète et mobilise. Et c’est encore bien évidemment la sécurité mais aussi la liberté des spectateurs de Rodrigo Garcia qui préoccupent. Voilà l’aberration à laquelle on livre aujourd’hui artistes et institutions culturelles : celle de redouter, au cœur de la capitale d’un pays qui s’honore d’avoir fondé les principes des Droits de l’Homme, que la faculté de voir, de ressentir, de penser et de s’exprimer soit compromise du fait de l’action d’extrémistes relayés imprudemment par l’impéritie de quelques religieux obscurantistes.    Certes, Rodrigo Garcia est iconoclaste. Il ne ménage ni son discours ni les moyens de l’asséner mais n’oblige personne à le voir ni à l’entendre. Oui, il attaque frontalement au nom du message biblique l’action de l’Eglise catholique comme avant lui l’ont fait les philosophes des Lumières, ou Dostoïevski, ou même, accordons ce plaisir à nos extrémistes, Charles Maurras, parmi une cohorte d’autres pourfendeurs.   Certes, tout cela est en partie subventionné par l'État et la ville, parce que notre pays fonde aussi la liberté des citoyens sur la liberté de leur accès à une culture diversifiée, privée ou non, rendue possible par une politique culturelle qui permet par ailleurs l’existence et la pérennité d’édifices classés (a caractère religieux ou non), de manifestations qui peuvent à voir avec l’art et la musique dits sacrés, avec la conservation et l’exposition d’œuvres picturales (aux figures religieuses ou non), ce que personne ici ne souhaite remettre en cause. La finalité du subventionnement sur fonds publics dans le spectacle vivant, c'est justement la possibilité et la garantie de la pluralité des formes et des opinions, non la rétribution d'une conformité à une norme édictée bien pensante, non clivante, neutre et neutralisante.   Oui, il y aura sur la scène du Rond-Point de la viande et du sang comme il y eut des excréments sur celle du Théâtre de la Ville ces derniers jours. N’en déplaise aux groupuscules extrémistes, il n’est pas certain que cela soit ce qui pue le plus fort dans le paysage de cette affaire. Il y aura de l’irrespect, de la provocation, c’est-à-dire de la pensée qui s’oppose à la pensée, du vent qui souffle dans tous les sens.   Jean-Michel Ribes rappelle dans « Le Monde » qu’en 1545, Lucas Cranach grave une caricature du pape chevauchant une truie. Complice, Martin Luther la légende : « Tu veux avoir un concile ? À sa place, reçois ma merde ! ». Alors excommunié et menacé de mort, Luther s’est vu au mois de septembre dernier salué comme un puissant théologien par Benoît XVI lors de son voyage en Allemagne. Il n’en est pas tant demandé pour Rodrigo Garcia. Qu’on lui accorde seulement le droit de créer et d’être entendu dans des conditions pacifiques, qui sont celles de l’art et de la culture, fussent-ils subversifs. Qu’on laisse à ceux qui auront la curiosité ou le goût de partager son œuvre de le faire sans menace et sans insulte. Qu’on nous laisse le temps de ne pas désespérer des catholiques.

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