Bar
Publié le 05/02/2012

Ça promet !


Dessinateur de presse et illustrateur, Bar croque l'actualité avec un trait et un humour acerbe reconnaissables entre mille. Il a fini par céder au harcèlement de la rédaction de ventscontraires.net qui a tout fait pour le débaucher.

Son blog : http://baractu.canalblog.com/ 

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Le 16 novembre 2013 à 08:53

Mario Rigoni Stern, clochard céleste

Portrait 45

Mario Rigoni Stern est un morceau de neige. Il né en 1921 dans sa montagne, à Asiago en Vénétie et meurt en 2008 au même endroit. Ne croyez pas pour autant que ses pieds n'ont pas goûté plus large. La seconde guerre mondiale le souffle comme un flocon, incorporé par les Italiens, qui soutiennent l'Allemagne. Champs de guerre de France, d' Albanie, puis contre les Russes, puis emprisonné par les Allemands, avec les Russes qu'il devait combattre. Lorsqu'il comprend que le printemps n'empêche personne de mourir, il choisit l'hiver. Mario Rigoni Stern s'évade par la neige en 1943. Deux années d'errance, de la Prusse Orientale jusqu'à Turin. Deux années à marcher dans sa faim comme dans les congères. Après guerre, une fois rentré, il devient employé du cadastre pour se consacrer à la montagne et à l'écriture. Mario Rigoni Stern est le flocon qui brûle la langue de tous les sergents perdus dans la neige. Mario Rigoni Stern est la goutte glacée qui capture la lumière au bout des serres d'un rapace. Mario Rigoni Stern est la larme figée au bord de l'oeil de Primo Lévi. Il sait que les promesses du ciel fondent comme le givre. Que la mort est une couverture pleine de souvenirs. Que des baies poussent dans l'hiver. Il se consacre à sauver ce qu'il reste. L'allure d'un arbre, l'odeur d'un plat, du tabac partagé, la piste d'un oiseau, l'amitié. Des traces de pas dans le grand vide blanc d'après l'horreur. En France il est édité par La fosse aux Ours.

Le 20 mai 2011 à 08:55

Au plus nord du continent américain #2

Tant qu'il y aura du froid

Ce que l’on voit, c'est d'abord la nuit dans ces images prises par une webcam posée dans les hauteurs de Barrow, village situé au plus nord du continent américain. Eben Hopson est né ici en 1922. > voir l’épisode précédent Eben Hopson ne comprend pas. Il n’a pas vingt ans, et cette fois-ci, il n’a pas demandé à partir de Barrow. Il est inupiaq, esquimau, indien, il n’a pas de droits civiques. Il s’est retrouvé dans un bateau, ce n’était pas le North Star, mais un bateau de l’armée américaine, de l’incorporation américaine. Direction Nome, toujours en Alaska, mais au-dessous du cercle polaire, au-dessous du détroit de Béring. Nome, une ville de chercheurs d’or, de crevards, de joueurs, de tricheurs.   Eben Hopson se rend chaque matin sur la base aérienne, la dernière base avant l’Urss. Il est là pour construire des avions, des avions russes. La guerre n’a pas commencé, alors les Américains et les Russes commercent. Eben Hopson ne comprend pas. Il est encore chez les Inupiat, en face, de l’autre côté du Détroit, des Tchouktches doivent subir le même sort, un peu plus au sud, ce doivent être des Aléoutes, des nomades, éleveurs de rennes, chasseurs de morses, amateurs de viandes crues, ne demandant rien à personne. Eben Hopson fait ce qu’on lui dit. Les Américains et les Russes entrent en guerre. Il fait ce qu’on lui dit, il embarque sur un autre bateau pour la guerre des mille miles dans l’archipel des Aléoutiennes. Au moment du bombardement d’Unalaska par les Japonais, il n’est pas loin. Quand les Américains déportent les Aléoutes dans des camps sans eau ni chauffage au centre de l’Alaska, il n’est pas loin. Quand, ils pillent les maisons, tuent les phoques sans raison, s’amusent à la chasse au phoque, il est là.La guerre se finit, Eben Hospon fait ce qu’on lui dit, il reste à Nome pour installer les radars contre les missiles balistiques russes. Il est un soldat accompli, l’Amérique a besoin de lui, il ne rentrera à Barrow qu’en 1946.

Le 22 janvier 2013 à 09:21

Neige : L'unité nationale se fissure de plus en plus

France – Premières fissures dans l’entente cordiale autour du chef de l’État face aux chutes de neige qu’affronte la France depuis quelques jours . Alors que les forces de l’État sont à l’œuvre sur tout le territoire, certains se demandent si cette opération est réellement pertinente, tant dans l’opposition que dans la majorité. Reportage. Des voix discordantes, une opération critiquée Est-ce la fin de l’état de grâce autour de François Hollande ? Si dans un premier temps, l’opposition s’était jointe dans le support total du chef de l’État face aux intempéries, le ton a désormais changé. Les voix discordantes se font entendre et l’opération est sévèrement critiquée à droite. Hier soir sont apparues les premières critiques. Valérie Pécresse a ouvert les hostilités la première : « Oui la neige c’est sympa, on peut faire des glissades mais il ne faut pas que cela dure ». Même son de cloche chez Jean-François Copé qui critique une opération qui pourrait s’éterniser. « Je trouve que nous sommes un peu seuls dans cette affaire, nous n’avons aucun support européen. Tout cela sent un enlisement à long terme ». Dans un premier temps, la totalité de l’opposition s’était rangée du côté du chef de l’État. « Dans le cadre de l’intérêt national, nous supportons totalement le choix de François Hollande dans cette opération » affirmait Jean-François Copé. Mais depuis une semaine, les observateurs notent que les chutes de neige continuent et pourraient même s’éterniser une semaine de plus. Pour les experts, cette situation peut perdurer plusieurs mois, jusqu’au printemps. « Nous combattons un ennemi que nous ne comprenons pas, il faut que nous parlions. Sans dialogue, on ne peut rien faire » a tonné de son côté Jean-Luc Mélenchon. La majorité, elle, soutient sans réserve les choix de l’exécutif. « Le Président n’a pas à se justifier, cette opération était inévitable. Si nous n’avions rien fait, le sud de la France aurait été sous la neige. Nous n’avons fait que réagir dans le cadre d’une légitime défense.» a affirmé quant à elle Najat Vallaud Belkacem, porte-parole du gouvernement. Désormais les regards se tournent vers l’opinion publique. La Nation sera-t-elle soudée autour de François Hollande ? Les analystes se perdent en conjectures. Et certains ténors de la majorité s’inquiètent des conséquences sur leur électorat: « Nous ne pouvons pas prévoir ce qui va suivre. Certains aiment bien la neige, d’autres pas, c’est un sujet où les opinions sont très très tranchées.» Les journaux ont déjà commencé à faire leur choix. Ainsi 20 minutes fait sa une aujourd’hui sur un surfer descendant les pentes enneigées du Sacré Coeur. Une photo d’une rare violence mais qu’assume le rédacteur en chef. « Il faut que les Français sachent, il ne faut pas que cela soit un sujet tabou, regardons un peu les choses en face.» Le Gorafi

Le 9 novembre 2010 à 09:37

Au bord de la Laponie, Elin Larsson et la nuit polaire

Tant qu'il y aura du froid, recherche extime sur une sensation en voie de disparition

Le deuxième jour, la nuit. Elin Larsson monte sur scène, jeune et faussement fragile. Elle attend que le batteur soit en place, le guitariste aussi. Et elle envoie. Elle envoie tout. Parfois le trombone essaie de s’imposer, mais rien à faire, Elin Larsson est là, le plus prêt possible du micro, avec des notes rapides et précises, jouées avec la plus grande présence possible. Elin Larsson et personne d’autre. Elle absorbe tout, elle prend toute la place. Il est 14h30, nous sommes à Umeå, à quelques centaines de kilomètres du cercle polaire et de la Laponie, au bord de la mer Baltique. La salle de concert se remplie.La nuit n’a pas encore.Mais presque. Le froid non plus.Elin par contre.Elin Larsson parce qu’enfin, il est question de jazz, même en novembre, même à 62° de latitude nord. Il est donc question de basse, de batterie et d’instruments qui s’affirment, qui se combattent, s’affrontent. Elin Larsson est dans son instrument, cuivré, long, recourbé, elle est autre chose qu’une voie, autre chose que le silence ou la retenue. Il est 14h50. La salle est pleine, on est venu nombreux de Stockholm. Quelqu’un allume la lumière. Puis éteint.Elin s’arrête. Décontenancée. Puis la guitare, puis le batteur.Personne ne parle, personne ne bouge.Le silence est revenu.Le silence au nord de la Suède, dans une salle de concert. Elin s’approche du micro.Plus personne ne sait où il est, où il en est.Elin essaie de parler.Je.Je pense que c’est le moment pour Le ciel sombre.Le ciel sombre, celui qui va arriver dans quelques instants et ne plus partir pendant des mois.Elin laisse la guitare, la contrebasse et la batterie s’amuser, dans une musique blanche, adoucie, consolée. Elle les laisse jouer, à contre des jazz anciens, à contre des affrontements et des combats. Puis de conclure par un rire, de nouveau fragile, de nouveau humain.Le ciel sombre peut arriver. Il peut tout absorber. Il peut prendre place, il peut prendre toute la place. A écouter : Elin Larsson Set free.

Le 5 mai 2011 à 09:20

Ceci n'est pas une Porsche

En tombant sur la photo qui fait trembler les murs de Solférino actuellement, c'est l'image subliminale du parapluie de Kadhafi qui m'est immédiatement revenue en tête, avec la conscience toutefois que les deux n'ont rien à voir. Encore que...          Alors que quelques inconditionnels du sondage s'émoustillent de la date fatidique à laquelle le Messie fera son apparition dans le cercle des primaires disparues, un signe qu'on n'attendait plus surgit d'une manière quelque peu désobligeante pour le prétendant partisan apparemment des envolées mystérieuses. La Porsche de DSK fait jaser, parce qu'elle ramène à quelque chose qu'on connaît bien et qui rappelle quelqu'un. La Porsche de DSK serait-elle le petit Fouquet's de Sarkozy qui s'annonce trop tôt ? C'est en tout cas à deux pas de ce lieu désormais emblème du sarkozysme que la photo a été prise. Nous sommes ici bien loin de la radieuse DS des Trente Glorieuses plébiscitée par le Général de Gaulle et dont Roland Barthes disait: "Jusqu'à présent, la voiture superlative tenait plutôt du bestiaire de la puissance ; elle devient ici à la fois plus spirituelle et plus objective… la voici plus ménagère, mieux accordée à cette sublimation de l'ustensilité que l'on retrouve dans nos arts ménagers contemporains…".Et nous, on la sent bien loin, cette gauche Porsche, bien loin de nous et de nos petits "arts ménagers" du quotidien... Alors à quand une gauche Deuch' ?---Sur le même sujet, lire aussi la chronique d'Eole Contrario, SuPorscherie.

Le 22 décembre 2012 à 11:44
Le 22 novembre 2010 à 16:01

Au bord de la Laponie, Andreas Eklöf et le silence nordique

Tant qu'il y aura du froid

Patterns for three pianos – in four parts - Andreas EklöfLe concert va commencer. Je dois jouer. Je voudrais aller jusqu’au silence, le capter, le comprendre, le donner. Comme le froid, le silence ne supporte que lui-même, un peu de rareté, et rien d’autre. Glenn Gould y est arrivé. Il est monté au nord, au plus nord qu’il lui était possible par train. Il joue. Puis il ne joue plus, il ne joue plus jamais en public, il ne donne plus aucun concert, il ne fait qu’enregistrer. Mais moi, je viens d’ailleurs ; ma radicalité, je la place ailleurs. Et puis, j’en viens du nord, ce n’est pas lui ma seule matière à silence. Ma radicalité, elle est dans le Cd que je viens de donner. Le concert va commencer. On se presse, on entre, on s’assoit. On est venu nombreux de Stockholm. Une personne lit en attendant. Elle est venue m’écouter jouer du piano, mais j’aimerais surtout qu’elle écoute le premier morceau du Cd. Nor., c’est le nom de mon album. Je ne souhaite pas qu’il soit écouté en concert, ni même dans une grande pièce. Le son doit être réglé en médium. Dans le premier morceau, il y a trois pianos, il y a des pauses et des soupirs, et peu de notes. Alors, au moment où je pense que l’on commence à m’écouter, à écouter, à s’habituer à la musicalité, je fais silence, au milieu du morceau, j’éteins tout, j’arrête de jouer, j’arrête d’enregistrer. Même les sons de la pièce sont niés, je pense que l’on s’en rend compte, j’aimerais que l’on s’en rende compte. Un simple soupir n’aurait jamais suffi à donner le silence. Et je repars, dans la pièce, dans la pièce dans laquelle je joue, dans celle dans laquelle vous l’écoutez. La personne a arrêté de lire, elle attend. Je dois commencer à jouer. Peut-être que je vais y arriver. Son attention va se porter sur les sons du piano, elle va se concentrer, ralentir, refroidir, elle va se crisper, s’intensifier. Peut-être que je vais y arriver, peut-être que pendant ce concert je vais l’emmener jusque-là, peut-être qu’il va être question de faire silence, de faire silence ensemble. 

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