Plonk & Replonk
Publié le 29/08/2014

Tireurs d'élite


L’association Plonk & Replonk Editeurs est un collectif de créateurs, fondé en 1997 basé à La Chaux-de-Fonds, Suisse.
Jacques et Hubert Froidevaux en sont les principaux membres actifs.

Nous travaillons essentiellement dans le domaine de l’image, et plus spécifiquement du photomontage humoristique.
Nos créations sont diffusées en librairies (Suisse, France et Belgique) sous formes de cartes, de livres et d'autocollants, ainsi que dans la presse.
À noter que Plonk & Replonk est un des principaux leaders sur le marché européen du nain de jardin bétonné, un secteur à forte croissance.

http://plonkreplonk.ch/

 

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Le 12 septembre 2012 à 08:59

Oui, j'ai couché souvent par politesse, par lâcheté, par flemme

J'ai souvent couché par politesse parce qu’il m’avait offert une belle soirée, un beau cadeau, qu’il avait été gentil, galant, attentionné. Dans ce but. C'était purement un marché à honorer qu'il fallait que j’honore. J'ai couché par lâcheté aussi, pour ne pas avoir à me battre, à risquer la violence, les coups, les insultes, quelque chose dont je ne serais pas sortie indemne. J'ai couché bien souvent par flemme car dire non est source de débats inépuisables et d'argumentations désagréables sur la mécanique interne  qui soumet la faible femme aux effets humiliants des hormones et donne raison à l’homme d’être ce qu’il est : le chef. J'ai couché plus qu’à mon tour par habitude, parce que c'est samedi, parce qu'il fait froid/chaud, parce que les enfants sont en vacances, parce qu'il n'y a rien à la télé, parce qu'on a bu, parce que ça se fait... Bien sûr, j'ai aussi refusé de coucher. Ça m'a valu quelque luttes physiques éprouvantes, altercations usantes, menaces pénibles, mépris aussi. Parfois rien. Vous pouvez me dire : t'avais qu'à pas aller avec tous ces hommes. Je pourrais vous répondre : c'est d'un seul homme qu'il s'agit, le père de mes enfants, l'homme qui m'a choisie et qui m'aime. Un homme amoureux, jaloux, primaire, possessif et ardent. Je pourrais ajouter qu'heureusement, la majorité des fois où j'ai couché avec un homme, c'était par pur plaisir. Mais faut-il croire vraiment tout ce que racontent les femmes ?

Le 14 août 2012 à 09:00

Arthur (1939-2010)

Les cracks méconnus du rire de résistance

Comme on ne l’a pas appris par les médias classiques, le dangereux flemmartiste Henri Montant, dit Arthur, a tourné le coin le 17 juillet 2010 à Plougasnou (Finistère). C’était l'un des rares pamphlétaires satiriques français des dernières décennies à avoir réellement réussi à renouer avec la lucidité critique flagellante et la verve cocasse sans merci des plus redoutables plumes tranche-dedans de la Belle-Époque, celles d’un Zo d’Axa, d’un Émile Pouget, d’un Albert Libertad. À leur instar, dans les canards sauvages (Hara Kiri, La Grosse Bertha, Charlie Hebdo première cuvée, Bakchich, CQFD, Le Canard enchaîné, Siné Hebdo…) où on lui laissait faire feu sur les couillonnades régnantes, il ne tombait dans aucun panneau idéologique, persiflait le militantisme sacrificiel (son livre-clé s’intitule Mémoire d’un paresseux, Ed. de l’Aleï, Dijon) et il ne misait vraiment que sur des rébellions inventives, drôles, hédonistes sans trop se leurrer pour autant sur l’avenir du genre humain : « L’État étend sa patte graisseuse sur l’ensemble des activités humaines, pressent-il en 1977. Toute déviance, toute dissidence sera assimilée au terrorisme. La norme sera la résignation coite. L’humanité entre sans mollir dans le grand asile silencieux, le mouroir définitif. »Pour porter un toast à la mémoire d’Arthur, je sors de ma gibecière un relevé youplaboumesque fricassé par lui des attentats ludiques poivrés contre le travail qui fourmillaient dans les années 1980.« Le groupe des « Enragés de la paresse » mure les portes des agences pour l’emploi et des Assedic en écrivant sur les murs « Le temps volé ne se rattrape jamais ». Le groupe « Grasses matinées » met une vingtaine d’horloges pointeuses hors d’usage. Le groupe « Transports à l’œil » court-circuite les composteurs de bus. Cette hantise du boulot ne les empêche pas heureusement d’en donner aux ouvriers syndiqués du bâtiment en multipliant les tas de gravats aux quatre coins de Toulouse grâce aux explosifs en vente libre dans toutes les bonnes carrières de la région. Ainsi le groupe « Vison futé » incendie la société France-Gibier. Un attentat contre le siège du Front national est revendiqué par les Francs-Tireurs patriotes du PCF, malgré les protestations du groupe Georges Marchais. L’armée n’est pas oubliée : le PARA (« Pour des Actions Résolument Antimilitaristes ») s’en prend au QG de la onzième division de parachutistes. À quelque temps de là, les vigiles du magasin Printafix se font barboter leur fichier personnel du chapardage à grande surface. Les auteurs ? Des groupes anonymes d’individus patibulaires qui signent « Comité Liquidant Ou Détournant les Ordinateurs » (CLODO) ou LASER (« Les Auteurs Sont Encore Recherchés »). Les victimes : Philips Data System, CII Honeywell-bull, Thompson-CSF et autres bienfaiteurs de l’humanité (Thomson livre des radars au Chili, Argentine, Afrique du Sud). Toutes les sociétés d’informatique ne furent pas touchées, mais toutes furent frappées par le génie du mal dont faisaient preuve les saboteurs : les ordinateurs sont extrêmement fragiles des bronches. Un rien les enrhume : une trace de doigt, un brin de poussière. Alors, vous pensez, des bombes ! » (C’est tiré des Charlie Hebdo n° 537 et 538.)

Le 10 décembre 2013 à 09:08

L'Académie française avoue avoir perdu tout contrôle de l'expression "à bon entendeur..."

La langue française nous prouve encore qu’elle n’en fait qu’à sa tête. Plusieurs académiciens prennent la plume aujourd’hui dans une tribune du quotidien Le Monde pour faire part de leur impuissance et annoncent que l’expression « à bon entendeur, salut ! »serait, selon eux, devenue aujourd’hui totalement hors de contrôle. « Nous déplorons la perte de contrôle de la locution depuis plusieurs mois, mais faisons notre possible pour rétablir un contact » déclare René Girard qui occupe son fauteuil d’académicien depuis 2005. Selon lui, une majorité de Français ne comprend plus la nature de cette expression et l’utilise dans un mauvais contexte, « ce qui lui fait perdre systématiquement son sens initial » ajoute-t-il. Une situation ordinaire mais qui dérape. « Parfois, les expressions nous échappent. Souvenez-vous du drame de “C’est que du bonheur !”, il avait alors fallu des mois pour réussir à la ramener dans le droit chemin. » rappelle l’académicien. Et pour les académiciens, il est peut-être encore temps d’éviter un nouveau désastre linguistique. « On se trouve, au jour d’aujourd’hui, en face d’une aberration et d’un non sens total » s’exclame l’académicien qui souhaite s’engager pour une interdiction totale de la locution dans l’attente d’un retour progressif à la normale. L’homme de lettres cite plusieurs exemples très récents comme une petite annonce publiée sur un site spécialisé : « A vendre écran télé led 117cm très bon état. A bon entendeur, salut ! » ou bien un statut sur un réseau social : « Fini les vacances, retour au boulot lundi, à bon entendeur salut ». Les académiciens annoncent être passés aujourd’hui en état d’alerte de niveau 2 pour tenter de reprendre le contrôle sur la locution. Aux dernières nouvelles, elle aurait été aperçue ce matin au bas d’un menu de restaurant, puis en phrase d’accroche dans l’introduction d’une lettre de motivation. « Si nous ne faisons rien, cette expression sera partout, sur toutes les lèvres, dans tous les papiers, manchettes de journaux, on ne fait rien, nous sommes perdus, à bon entendeur… » termine l’académicien. Le Gorafi Photo:iStock/amite   

Le 13 mai 2014 à 09:54

On ne choisit pas sa famille

- Bonjour, que puis-je faire pour vous ? - Je voudrais des cousins. Quatre ou cinq cousins. Comprenez, je n'ai pas eu la chance d'en avoir et ça me manque, pour la complicité et tout. - Il y en a un peu plus, ça ira quand même ? - Oui, oui, très bien... ah non, mais celui-là, il est tout petit ! Que voulez-vous que j'en fasse ? - C'est vendu par lots, monsieur. On ne choisit pas sa famille. C'est connu. - On ne choisit pas sa famille ? - Non, monsieur. On choisit ses amis. - Les miens, laissez-moi vous dire que je ne les ai pas vraiment choisis. - C'est votre problème, monsieur. - Tout de même, je trouve qu'on devrait pouvoir choisir sa famille. Après tout, la famille est le fondement de la société. Et qui bien choisit son fondement mieux bâtit sa maison. - Bon. Ok. Je reprends le tout petit. Mais c'était le rigolo de la famille, celui avec lequel vous auriez des souvenirs de bêtises de gosse. Celui qui vous aurait emmené faire les 400 coups. A la place, je peux vous mettre une cousine très religieuse. - Je ne pourrais pas avoir plutôt une cousine un peu... - Un peu... ? - Ben je sais pas, elle aurait deux ans de plus, elle m'aurait appris des gros mots et à cracher et puis elle m'aurait montré ses seins, aussi, quand on était petits et puis on aurait une grande complicité parce qu'elle ne s'entendrait pas trop bien avec ses parents ? - Vous avez vu ça dans un film français ? Non, on n'en fait plus, des comme ça. - Bon ben, je sais pas, mettez-moi quand même le cousin tout petit. - Il vient de partir, monsieur, dans une famille bretonne. - C'est très contrariant. - Oui. - Bon et en beaux-frères, qu'est-ce qu'il vous reste ?

Le 13 novembre 2013 à 08:32

Les secours peinent toujours à extraire mémé des orties

Montmorency – Ce midi, les pompiers du Val d’Oise étaient toujours à pied d’œuvre pour tenter d’extirper mémé des orties. La grand-mère, âgée de 84 ans, aurait été poussée dedans hier par un individu malveillant alors qu’elle se promenait seule dans la forêt. Après cet acte que beaucoup jugent « abusif » et « excessif », représentants ou simples Français se disent indignés. Reportage. L’abus Les cheveux blancs en pagaille, une robe à fleurs empêtrée dans les branches et des rougeurs plein le visage, Colette Davet est loin d’être sortie d’affaire. Cette octogénaire est depuis hier prisonnière d’un massif d’orties à l’entrée de la forêt de Montmorency. Blessée à la hanche après avoir été poussée par un inconnu qui a depuis pris la fuite, mémé vit un véritable calvaire. C’est vers 14H16 ce dimanche que Colette entreprend une balade champêtre pour « s’aérer l’esprit et ne pas vieillir trop vite », nous raconte-t-elle depuis son tapis d’orties. C’est quelques minutes après avoir commencé sa marche qu’un homme d’une vingtaine d’années passe près d’elle en courant et la pousse violemment sur le côté. Projetée, celle qui a sept petits-enfants atterrit sur sa hanche droite et le visage en plein dans les orties. Sa hanche est visiblement déplacée et sa peau, elle, commence à démanger sérieusement. Mémé appelle alors au secours, désespérément. Une heure passe, puis deux. Personne ne s’arrête, laissant la pauvre dame à son terrible sort. Jusqu’à ce qu’un homme de 51 ans, François, effectuant son jogging par là décide d’aller voir de plus près Colette Davet. Très vite il alerte les secours : « Y’avait quand même plein d’orties et ça pique drôlement, ou ça brûle…je sais plus trop. Mais en tout cas ça fait pas du bien. J’ai préféré appeler les secours. » Une configuration difficile C’est donc vers 19h15 qu’un premier camion de pompiers arrive sur place. Très vite, les sauveteurs se rendent compte de la complexité de la situation : « Il y a quand même beaucoup d’orties. Il faut y aller doucement. De plus, c’est un type d’intervention auquel nous ne sommes pas habitués. C’est d’ailleurs pas pour rien qu’on nous appelle les « soldats du feu » et pas les « soldats des orties » », nous explique Fabien Haudoin, brigadier chef en charge de l’extraction. La première équipe dépêchée sur place demande donc l’aide du Groupe d’Intervention en Milieu Végétal (GIMV), des pompiers d’élites à même d’agir efficacement dans ce genre de situation. Les membres du GIMV débarquent donc sur les lieux de l’incident aux alentours de 21h50 et prennent les choses en main. Pendant ce temps-là, mémé subit de plus belle les assauts des orties sur son visage et sur ses jambes : « Aïe…ça fait mal…j’ai si mal…aidez-moi…Aïe… », nous confie t-elle alors qu’une vingtaine de pompiers tentent désespérément de l’atteindre. Des tentatives infructueuses Pour l’instant, les équipes de sauvetage ont tenté plusieurs tactiques pour extraire mémé des orties. En vain : « Le recours à l’échelle s’avère totalement inutile vu que la personne se trouve actuellement au sol. Aucun de nos hommes n’est donc en mesure de l’atteindre par ce moyen là. Nous avons aussi essayé la lance à eau pour dégager la victime des orties. Hélas le jet n’est pas assez puissant pour la pousser assez loin, tout juste pour arroser les plantes en fait… », détaille le porte-parole de la brigade des sapeurs-pompiers. Réactions unanimes A l’heure où cet article est publié, les secours continuent de chercher une issue pour désincarcérer mémé des orties. En attendant, depuis la médiatisation de ce fait divers par tous les médias présents sur place, l’opinion publique comme les représentants politiques français, se déclarent choqués. Manuel Valls, qui a modifié son agenda pour se rendre sur place, a notamment déclaré : « Il ne faut pas abuser. C’est un acte abject et qui sera sanctionné par la loi. Nous allons retrouver celui qui a poussé mémé dans les orties et nous le traînerons devant la Justice. » Le Gorafi Illustration: iStock / SanerG / druvo

Le 29 octobre 2011 à 08:47

Albert Cossery, clochard céleste

Portrait 27

Albert Cossery est né le 03 novembre 1913 au Caire et il est mort 94 ans plus tard à Paris. Entre temps il s’est beaucoup assis, a beaucoup lu et a un peu écrit. Sous les rides d'Albert Cossery, se cachait l’élégance fripée des corbeaux qui ne se laissent pas apprivoiser. Il vient d’une famille bourgeoise d’Egypte et débarque à Paris juste après la seconde guerre. Il s’installe alors dans une minuscule chambre d’Hôtel  et y reste. Jusqu’à la fin. Albert Cossery pratique la paresse (tout comme Perros) comme un art martial. Celui de la contemplation séditieuse. Albert Cossery sait que les choses ne tournent pas rond et que ce n’est pas en allant pointer que la terre se remettra sur ses pieds. Albert Cossery se fait aider par Henry Miller pour publier son premier livre. Il est du côté de l’ironie de la vie et de l’insolence des mendiants. Dans ses romans la fange est noble et  belle. Elle triomphe toujours des servitudes de l’ordre établi. Mais il ne l’idéalise pas. Il est de son côté. C’est tout. Les titres de ses romans sont  beaux comme des poèmes dans la fumée d’un narguilé : Les Morsures, Les Hommes oubliés de Dieu, Les Fainéants dans la vallée fertile, Mendiants et orgueilleux, Un complot de saltimbanques,  Une ambition dans le désert, etc. Lorsqu’on lui demandait « Pourquoi écrivez vous ? » Il répondait : « Pour que quelqu'un qui vient de me lire n'aille pas travailler le lendemain »...> Illustration Frederico Penteado

Le 26 février 2012 à 08:08
Le 16 décembre 2012 à 09:31

Venez nombreux ! OK, mais comment qu'on fait ?

Drôle d'expression ! Qu'on m'incite à venir habillée, nue, maquillée, repue, en couple, en métro, pas trop tard, vite, à petits pas, les mains vides, à la bonne franquette, sans rien préparer, OK. Tout ça, je sais faire. Je suis parfois venue sans qu'on m'attende, venue avec armes et bagages ou venue comme ça, oui, comme ça, c'est gonflé mais je l'ai fait. Je suis venue la gueule enfarinée, ce qui est le plus sûr moyen de repartir la queue entre les jambes. Je suis venue te dire que je m'en vais, parfaitement, il n'y avait pas de SMS ni de tweet à l'époque. Puis je suis venue à maturité, très récemment. Venir en rang(s) serré(s), ça devient limite car ça présuppose la formation d'un groupe pour réussir le truc, or je déteste me balader en troupeau. Reste le "venez nombreux", fréquemment entendu à la télé pour des promos et autres événements exceptionnels. J'ai bien essayé, une fois. Je me suis dit : viens nombreuse, viens nombreuse, postée devant la glace pour voir si je devenais nombreuse. Mais que pouic. Je demeurais seule et unique. Je ne suis donc pas venue et d'ailleurs, tout le monde a fait comme moi : on n'est pas venus nombreux, ce fut un flop total.   Mais que ceci ne vous empêche pas de venir nombreux mercredi 19 au théâtre du Rond-Point, de 19 à 20h. 30 : C'est le lancement festif du livre "Vents Contraires" dans lequel j'ai l'heur d'apparaître aux côtés de grosses célébrités et de gros niqueurs qui seront forcément venus nombreux. Ils savent, eux.

Le 17 octobre 2012 à 10:53

On joue poudre, ce soir !

Il est rare qu'une expression de l'argot des coulisses soit signée. C'est pourtant le cas pour celle-ci : Jouer poudre. Antoine Vitez (1930 -1990) qui était metteur en scène, comédien, directeur d'acteurs, poète, en est l'auteur. Il l'a employée un soir de répétition générale. Un soir comme celui-la, il faut que les acteurs se ménagent, qu'ils ne donnent pas tout, qu'ils ne mettent pas le moteur à fond. Ou, pour employer une expression imagée communément utilisée dans le vocabulaire du théâtre : qu'ils fassent la rue Michel. L'expression faire la rue Michel est née d'un calembour entre « le compte » et « la rue Michel-le-Comte », une rue située à Paris, entre le Marais et Beaubourg. Cela fera le compte, cela fera l'affaire, « ça ira comme ça » pour être plus familier. Avant d'affronter le public le soir de la première.   Jouer poudre ne fonctionne pas sur un jeu de mots mais sur une réalité : celle du maquillage. Il se réalise ainsi : d'abord la crème, pour hydrater ; ensuite la poudre, pour matifier. La poudre s'applique avec une houppette ; autrefois, on utilisait une patte-de-lièvre. Au XIXe siècle, le figurant qui ne pouvait se permettre qu'une partie du maquillage, était surnommé une tête à l'huile. Comme il n'était pas rémunéré, il faisait les choses à moitié et se contentait d'appliquer une crème, la plupart du temps, de mauvaise qualité qui lui laissait le visage luisant, comme passé à l'huile. C'est ainsi que jouer poudre, c'est ne donner qu'une partie de ses possibilités d'acteur.   De son côté, l'écrivain Jules Claretie, qui demeura longtemps en poste comme administrateur de la Comédie-Française, produisit ce néologisme : empoudrerizé pour : poudré à l'excès. Antoine Vitez, qui était très cultivé, avait-il suffisamment lu Jules Claretie pour prendre connaissance de cet adjectif ? Lui, adoptant, une expression liée à la rétention, à la retenue ; Jules Claretie un adjectif stigmatisant l'excès, le trop-plein.   La poudre de riz a pour fonction, non seulement d'empêcher la peau de briller, mais aussi de prendre la lumière des projecteurs, sans pour autant donner une impression mortuaire. La tragédienne Rachel, très maigre et très pâle, utilisait une poudre spéciale censée aviver un tant soit peu son teint et à laquelle elle donne son nom : la poudre Rachel. La poudre n'a, cependant, pas que des effets positifs. La poudre blanche, dont les mimes se couvraient le visage, avait été selon les médecins, la cause de plusieurs décès. Jean-Charles Deburau (1829-1873), le fils du célèbre interprète de Pierrot, n'est-il pas mort au cours d'une crise d'asthme .   Puisqu'il s'agit d'une partie du maquillage s'effectuant en deux temps – crème/poudre – Antoine Vitez aurait-il pu, tout aussi bien, dire « jouer crème » ? Mais la crème est pourvue de trop de connotations érotiques ! La crème, c'est le sperme, crème d'amandes ou sirop des gourmandes... Et, faire mousser la chantilly, cette si jolie manière de dire, est liée à la fellation ; et à la prostitution, une mousseuse, c'est une prostituée.   Si le maquillage se fait en deux temps, Antoine Vitez a eu doublement raison de créer une expression attachée à l'histoire du théâtre, ainsi qu'à l'une des ses pratiques. Avec une dimension poétique.

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