Le Corbo
Publié le 31/05/2010

Lettre anonyme n°4


Le Corbo, on croyait savoir qui c'était…
On pensait à un certain Daniel Cabanis.
Aujourd'hui, on n'en est plus très sûr.
Il se peut même qu'il soit plusieurs… 

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Le 29 avril 2010 à 18:35

Damien Glez

Dessinateurs et caricaturistes du monde entier (3)

Parfois, pour se défendre, rien ne vaut un bon dictionnaire. Non pour balancer un pavé de 3,2 kilos à la tête de son adversaire –quoique- mais pour éviter la prison au titre d’offense au chef de l’Etat. Convoqué, en juillet 2006, par la justice pour un dessin représentant Blaise Compaoré, le président burkinabé, en footballeur (« je suis un bon buteur, je bute beaucoup ») Damien Glez, directeur de publication du Journal du jeudi, un hebdomadaire satirique communément appelé JJ au Burkina Faso, a dû sortir son thésaurus et argumenté sur la définition du verbe « buter » afin de ne pas se retrouver sur la touche. « Les subterfuges pour contourner la ‘’censure’’ sont ceux que la satire nous offre : les détours verbaux, difficilement attaquables devant la justice, et les biais graphiques parmi lesquels les ombres "disant" ce qu'on ne peut représenter qu'en filigrane », témoigne ce dessinateur-éditorialiste de 43 ans au parcours atypique. Né à Nancy, diplômé d’une grande école, il est devenu citoyen burkinabé après avoir effectué son service militaire comme coopérant. Une vraie histoire d’amour pour ce pays et le dessin de presse qui, en Afrique plus qu’ailleurs, contribue avec vitalité et insolence à la culture démocratique et sert de moyen d’information à la population. « Nous exerçons dans un cadre institutionnel plutôt satisfaisant », estime Damien Glez, rappelant toutefois que l’ancien collaborateur de JJ, le journaliste Norbert Zongo a été tué en 1998 vraisemblablement pour des motifs politiques. Le tollé populaire soulevé par son assassinat a servi de leçon. « L'abus de pouvoir laisse peu à peu la place à la régulation du Conseil supérieur de la Communication. » Cette instance n’est intervenue qu’une fois, à la vue d’une illustration d’une affaire de « magie noire » selon laquelle certains individus détenaient le pouvoir de faire disparaître le sexe des personnes auxquels ils serraient la main. Difficile, dans ce cas, de ne pas montrer les organes génitaux. Or, au Burkina Faso, « les sujets les plus épineux sont le sexe en raison de la très prude culture sahélienne et la religion », raconte le caricaturiste qui collabore, par ailleurs, à de nombreux titres de presse, aussi bien en Afrique, en Europe qu’aux Etats-Unis. Deux de ses dessins ont été boycottés la même semaine pour hypersensibilité religieuse, l’un sur la charia en Somalie destiné à un journal panafricain, l’autre sur Benoît XVI commandé par un magazine italien. Qu’importe. Concernant le petit monde de l’au-delà, Damien Glez s’en donne à cœur joie avec Divine Comédie (www.glez.org), son comic strip qui met en scène Lord, un rabat-joie chenu, et Pete, l’espiègle gardien du Paradis et gestionnaire des conflits de ses pensionnaires. Pas de doute, Damien Glez vise juste. En matière de dessin, sa maîtrise du lob, sa technique du coup franc font de lui un redoutable… buteur.

Le 7 juin 2014 à 08:55

Glenn

Glenn dort parfois nu même souvent, mais le lundi surtout ou bien encore les jours de pluie. L'homme a inventé le sexe sur le lit pour oublier que Dieu avait mis des monstres dessous, très serrés les uns contre les autres. L'intimité dans un lit occulte un peu facilement les 2 millions d'acariens qui l'occupent aussi. Comme on fait son lit, on se couche, oui, mais lequel ? Il y a cette scène dans Freddy les Griffes de la Nuit, celle de la mort de Glenn (Johnny Depp), durant laquelle le jeune homme est aspiré par le lit (avec la télévision d'ailleurs, tiens) puis recraché en un impressionnant geyser de sang. Ce n'est pas anodin tant le sommeil est sans doute l'événement quotidien le plus perturbant qui soit puisqu'il nous voit chaque jour inexorablement perdre conscience. Le lit est cet endroit dans lequel nous perdons pied, physiologiquement parlant. Seul notre subconscient survit dans cette expérience qui met nos hormones sens dessus dessous, ce qui en fait un évènement encore moins rassurant tant l'homme aime tout contrôler. Alors le corps a inventé le rêve comme pour enfoncer le clou encore plus loin : il est la superstar de la nuit au grand dam de l'homme. Il n'est guère étonnant que ce dernier ait d'ailleurs bien souvent cantonné le sexe au même endroit. Quand on y pense, le sexe est également une perte de conscience. On meurt dans un lit bien souvent aussi. Avec des draps blancs immaculés comme un jour de mariage : ça fait réfléchir. Le lit est, avec les WC, l'endroit où l'homme se résigne à admettre qu'il n'est qu'un animal comme un autre. En 2145 nous dormirons dans des lits verticaux en compagnie de poules qui donneront du lait lorsqu'on leur pressera les crêtes. Nous serons dirigés par un état totalitaire qui enverra des sous-marins sur Mars pour exploiter le peuple étranger avant de l'éradiquer. Le sexe sera prohibé et l'homosexualité cantonnée à un couple étalon élevé en Argentine pour des études financées par le Nouveau Planning Familial. Le racisme sera cloné et la peur de l'autre deviendra une religion à part entière : on crucifiera des Chinois autant que les gousses de vanille qui seront jugées trop exotiques. Une grosse pastèque sera pape. La Kaaba abritera une baby carotte que tout l'islam vénèrera comme s'il était le Prophète même. L'homme aura rationalisé le sommeil, le lit deviendra un objet de controverse que quelques artistes engagés dresseront comme étendard (du côté hiver seulement, faut pas pousser) mais sans grand succès. Même Lady Gaga XIV s'y cassera les dents. Glenn sera recraché par un Freddy bionique tous les premiers dimanches du mois après le porno kabbalistique en hébreu diffusé sur Canal ++. Les censeurs seront vénérés comme des saints alors que les bouddhistes remettront au goût du jour la Macarena. Réveil chassieux, réveil heureux. Mais avant tout, mon lit restera à jamais cet endroit où nous ne dormirons plus jamais ensemble, Glenn.

Le 23 juin 2014 à 08:39

À Elia Kazan : Sur les couettes

Sous ma couvrante, tout dépend du livre que je me farcis Comment ça se passe sous ma couvrante ? En fait, ça dépend essentiellement du livre que je me farcis peu avant ou peu après avoir pénétré dans le pagnot. Ou alors dans le Pagnol. Il m’est en effet arrivé pendant la crémaillère d’un poteau bouquiniste de souffler mes clairs sur les piles des œuvres complètes de Marcel Pagnol que j’avais préférées à celles d’André Gide ou à celles, moins dodues il est vrai, de l’apôtre des résignations fétides Cioran. Je me dois de préciser encore que je ne fais pas pipi au lit chez les amis. Sinon c’est certainement dans le coin Philippe Sollers que j’aurais choisi de coincer la bulle. Voici les parutions récentes que j’ai examinées ces jours derniers dans les bannes. Elles ont toutes un petit côté libidinal. Car on commence à comprendre que c’est là que Jean-Michel Ribes et Jean-Daniel Magnin désirent en venir, que les larrons, en effet, ont de plus en plus en tête de refiler du rond-point à leur public. Ce qui impliquerait si l’on se réfère aux recherches langagières de leur vieil acolyte polygraphe, le regretté François Caradec, qu’ils mijotent vraiment, avec la distance philosophique qui s’impose, de lui faire subir à ce public un « coït anal » cathartique Trêve de jacasseries, il faut que je prouve à présent que je sais causer livres et cul à la fois au cas où François Busnel serait à la recherche d’un documentologue particulier. Quelques mots donc sur les ouvrages plastronnant sur ma tablette de nuit en rêvant de se plumarder bientôt avec vous. Livre et cul : parutions récentes sur ma tablette de nuit Par exemple Emeuta Erotika (éditions Sao Maï), six nouvelles de Lilith Jaywalker, une féerique sorcière aimantée par « l’étrange, la révolte, le dérèglement » qui sait fort bien, telle la Nelly Kaplan du Réservoir des sens, comment convier en même temps à toutes les espèces de transgressions toniques pimentées en entrelaçant les plaisirs du déchaînement sexuel sans freins avec ceux du déchaînement insurrectionnel anti-marchand à la Black Block. Autre recueil de nouvelles perturbantes (cette fois, y en a une cinquantaine), à lire pour bien faire avec un balconnet sur le thorax, La Plus Belle Paire des seins du monde (Wombat) de l’irremplaçable Topor qui nous explique comment rendre aujourd’hui hommage à Dada en se passant du centre Pompidou et des omniscients époux Virmaux. « Jetez un œuf contre le mur.Crevez une toile qui s’y trouve accrochée.Effeuillez les pages d’un livre pris au hasard dans votre bibliothèque.Mouchez-vous dans votre moquette.Jetez vos souliers par la fenêtre.Pissez dans votre frigo.Chiez sur votre télé.Au nom de Dada, merci. » Le troisième livre de ma pile est plutôt à brandir qu’à éplucher. C’est  le Nouveau Moyen de bannir l’ennui du ménage ou les 20 épouses des 20 associés (Finitude), fricassé en 1781 par Rétif de la Bretonne, qui propose aux jeunes mariés menacés par la routine de s’associer avec dix-neuf autres couples dans des communautés prônant l’égalité et l’entraide. Mais le texte du précurseur de la science-fiction Rétif restant curieusement pondéré et moraliste et allant jusqu’à réprouver tout « désordre avec les épouses les uns des autres », il vaut mieux le réinventer dans sa tête ou en polissonne compagnie. Ce qu’il n’y a pas lieu par contre de réinventer, c’est le somptueux « hymne à la lubricité » de l’éducatrice dépravée Delphine Solère qui, dans son premier roman, Le Goût du désamour (La Musardine), nous convainc sans peine que, expérience oblige, le meilleur endroit de Paris pour se branler l’un l’autre amoureusement, ce sont les chiottes du Fouquet’s. Il n’y a pas non plus à réinventer les deux récits historiques fort bien torchés appelant à la liberté sexuelle explosive qui ont tellement aimé faire dodo avec moi ces dernières semaines. Le Sylvia Bataille d’Angie David (Léo Scheer) qui n’a pu s’écrire qu’à partir des souvenirs des proches de la pétroleuse, cette dernière ayant détruit ses principales archives, est passionnant. Il nous montre à quel point la femme de Georges (Bataille), avant de devenir celle de Jacques (Lacan !), personnifia l’amour libre irréductible pendant l’entre-deux-guerres. La subjuguante Sylvia ne se laisse pas encager par sa mère possessive, sèche les cours du collège Sévigné, a le bon goût d’être fort vite déçue par la compagnie d’André Gide (dormez plutôt sur Marcel Pagnol), expérimente à dix-sept ans la formule du ménage à trois enjoué, refuse les avances de Guy de Rothschild pour convoler avec Georges Bataille qu’elle trouve aussi fédérateur que transgressif, cautionne les frasques incessantes de son mari dans les bordels, fait du théâtre d’avant-garde, est adoptée par la bande à Prévert, perd tous ses sous au casino avant qu’un mystérieux inconnu (Jules Berry !) ne les lui regagne, devient vedette de cinéma (Topaze, Jenny, Le Crime de M. Lange, Une partie de campagne…), s’acoquine avec le groupe révolutionnaire Contre-Attaque et avec la société secrète dionysiaque Acéphale. Sur la couverture du livre, et sur la mienne quand je lis au lit : une incandescente photo de Sylvia Bataille, les rebelles dénudés, prise par Denise Bellon. L’autre traité d’histoire ayant bercé mes nuits est frigoussé également par une tigresse érudite, Linda Williams, une prof de Berkeley connue pour ses études sur le ciné porno démontrant que le plaisir sexuel y est systématiquement filmé d’un point de vue phallo-macho. Dans Screening Sex (Capricci), Linda cherche à comprendre pourquoi, au fil du temps, certaines images à caractère sexuel, initialement considérées comme « ob/scènes » sont vues à présent comme étant « en/scènes ». Comment se fait-il que tout à coup Elizabeth Taylor s’est mise à balancer à ses partenaires des mots orduriers jusqu’alors interdits ou que les cow-boys de Brokeback Mountain s’empapaoutent soudain extatiquement. Pour nous sortir les bonnes réponses, la sociologue se fait épauler futefutement par Freud, Benjamin, Foucault et le docteur J. B. Pontalis. Heureusement que j’ai un grand plumard !

Le 12 septembre 2012 à 08:59

Oui, j'ai couché souvent par politesse, par lâcheté, par flemme

J'ai souvent couché par politesse parce qu’il m’avait offert une belle soirée, un beau cadeau, qu’il avait été gentil, galant, attentionné. Dans ce but. C'était purement un marché à honorer qu'il fallait que j’honore. J'ai couché par lâcheté aussi, pour ne pas avoir à me battre, à risquer la violence, les coups, les insultes, quelque chose dont je ne serais pas sortie indemne. J'ai couché bien souvent par flemme car dire non est source de débats inépuisables et d'argumentations désagréables sur la mécanique interne  qui soumet la faible femme aux effets humiliants des hormones et donne raison à l’homme d’être ce qu’il est : le chef. J'ai couché plus qu’à mon tour par habitude, parce que c'est samedi, parce qu'il fait froid/chaud, parce que les enfants sont en vacances, parce qu'il n'y a rien à la télé, parce qu'on a bu, parce que ça se fait... Bien sûr, j'ai aussi refusé de coucher. Ça m'a valu quelque luttes physiques éprouvantes, altercations usantes, menaces pénibles, mépris aussi. Parfois rien. Vous pouvez me dire : t'avais qu'à pas aller avec tous ces hommes. Je pourrais vous répondre : c'est d'un seul homme qu'il s'agit, le père de mes enfants, l'homme qui m'a choisie et qui m'aime. Un homme amoureux, jaloux, primaire, possessif et ardent. Je pourrais ajouter qu'heureusement, la majorité des fois où j'ai couché avec un homme, c'était par pur plaisir. Mais faut-il croire vraiment tout ce que racontent les femmes ?

Le 30 septembre 2011 à 08:22
Le 18 avril 2011 à 14:01

Je me suis fait couper la banane

Je ne l’avais jamais trompée. Des années de vie partagée, sans le moindre démêlé et pourtant… S’il est vrai qu’avec le temps, nos rapports aux tumultes échancrés se faisaient moins fréquents, jamais pour autant la lassitude de ces couples éplorés n’était venue enrayer notre petite complicité. Même à cran, rien ne pouvait altérer la dépendance de notre relation, pas même cette chute irréversible, signe d’un vieillissement de moins en moins latent.   Et pourtant… En ce petit matin ensoleillé de doux printemps, un aquilon volage souffla sur mes désirs sont air le plus défendu. Ce temps nouveau qui fait monter la sève, me plongea tout droit dans l’incommensurable corsage d’une charmante demoiselle. Elle que chaque matin, je croisais derrière sa vitre, sans prendre le temps de m’appesantir, devint soudainement pour moi l’attrait d’une nouvelle jeunesse.   Si peu éclatant paraissait son esprit, sublime en revanche était sa poitrine. Bien que ma timidité farouche et mon éducation puritaine me décontenancent au moindre string qui dépasse, je pris soudainement mon courage à deux mains et fis le premier pas. « Ce soir si vous voulez » me répondit-elle d’un large sourire au chewing-gum qui dépasse. Le soir venu,  je me rendis non sans une certaine appréhension au lieu dit du rendez-vous. Etais-je vraiment certain de la chose ? N’allais-je pas commettre là une bêtise impardonnable ? A peine me fit-elle entrer dans son salon que mes doutes se dissipèrent, elle qui pour me mettre à l’aise, me défit rapidement de mes affaires.   Je me retrouvai là, docilement allongé, enivré par la douceur sur ma tête de ses fines caresses, maîtrisant parfaitement bien la chose, elle me fit peu à peu vaciller, elle, penchée sur mon corps, moi, bercé par ses déhanchés et le formidable cliquetis de son voluptueux doigté. Impossible de reculer.  Sitôt l’acte achevé, elle m’interrogea sans ambages sur mon sentiment à propos de tout ce qui dépasse. Honteux, après un tel déshonneur, c’est à peine si j’osai me regarder dans la glace. Après tant d’années de fidélité, je me posai alors cette question, cette douloureuse question… Comment ai-je pu délaisser ma tondeuse à cheveux, pour aller me faire couper les tifs chez un quelconque coiffeur ?

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